Seydou KONE

L’affaire Serge Atlaoui: l’activisme de la France,un cas d’école pour l’Afrique.

A coté du fossé qui existe entre l’Afrique et l’Occident, ces deux parties du monde semblent être également à des années lumières l’une de l’autre en matière de défense de leurs ressortissants à l’étranger. La France vient d’en administrer la preuve de fort belle manière. L’activisme remarquable qu’elle déploie dans la perspective de la non exécution de son ressortissant Serge Atlaoui en Indonésie a très certainement valeur d’exemple à l’échelle de toute l’Afrique.

manifestation pour la libération de Serge Atlaoui à Paris.
manifestation pour la libération de Serge Atlaoui à Paris.

Une prise d’otage médiatique et politique.

En effet, condamné à mort par la justice indonésienne dans une affaire de trafic de drogue, le sort du français ne laisse pas pour autant indifférent, il mobilise la France officielle (l’Élysée, Matignon, le Quai d’Orsay) mais aussi de la France du citoyen lambda (à travers les marches de soutien).

Une indifférence coupable de tous nos « je suis Charlie ».

Toute chose qui tranche d’avec l’indifférence voire le mépris des États africains concernant leurs ressortissants de la diaspora très souvent victimes d’abus judiciaires ou de mauvais traitements.

Et pourtant…

De la condition déplorable des travailleurs migrants noirs dans les champs de tomates en Italie qui tourne à la pure exploitation en passant par les abus dans certains centres de rétention et les expulsions manu militari par charters des immigrés illégaux dans la plus grande indignité, la matière ne manque pas pour que nos pouvoirs publics lèvent la voix. Oh que non, englués qu’ils sont dans un silence assourdissant qui frise à certains égards la complicité coupable. Si en interne, certains États africains se présentent comme les principaux bourreaux de leurs populations en termes de répression policière, d’abus judiciaires ou de laxisme sécuritaire, que pourrait-on attendre d’eux raisonnablement en matière de réactivité internationale ? Pas grand-chose vraiment. D’ailleurs, les quatre ressortissants nigérians condamnés à mort dans cette même affaire de drogue ont été passés par les armes sans provoquer la moindre indignation de la première puissance économique d’Afrique et pourtant Dieu seul sait si le procès a été émaillé d’irrégularités.

Tout porte à croire que les dirigeants occidentaux et africains ne semblent pas être taillés dans le même bois, ils ne semblent pas avoir la même table de valeurs relativement à la vie de leurs ressortissants respectifs. Ce désintérêt de l’élite dirigeante africaine pourrait bien révéler en réalité l’influence quasi inexistante du continent sur l’échiquier mondial. En effet, la maxime est connue, la main qui donne est celle qui ordonne, quand le budget de financement de la commission de l’union africaine est financé à plus de 60% par l’aide extérieure, quand de nombreux pays africains sont tributaires de l’aide au développement que dis-je de l’aide à l’assistanat, alors, il est plus qu’évident que nos dirigeants s’enferment dans un mutisme déshonorant. Briser le cercle de la dépendance économique africaine, c’est le prix d’une relation décomplexée d’égal à égal avec les autres parties du monde sous peine que sa diaspora soit toujours en butte à de mauvais traitements dans la plus grande indifférence .


Ecole ivoirienne : ces prédateurs sexuels

nos élèves:ces nouvelles proies.
nos élèves:ces nouvelles proies.

Si la pratique est perceptible sous d’autres latitudes (avec un seuil relativement faible), la prédation sexuelle en milieu scolaire ivoirien par contre semble prendre une résonance, un relief fort particulier tant et si bien qu’elle n’émeut plus outre mesure. Elle se propage comme le ver dans le fruit et fait figure de véritable fléau qui gangrène toute la communauté éducative.

L’anormal devient normal au pays du banal

La banalisation des relations sexuelles entre formateurs et apprenants est telle que l’imagerie populaire ivoirienne assimile à bien des égards le corps enseignant au vice , un corps volage ou les préoccupations du bas de la ceinture (le sexe) l’emportent très largement sur les préoccupations d’instruction et d’éducation des enfants à eux confiés par l’Etat de Côte d’Ivoire. Sans vouloir jeter l’opprobre sur l’ensemble du personnel enseignant et du personnel d’encadrement ivoirien, il n’en reste pas moins qu’ils sont bien nombreux aujourd’hui ces proviseurs, ces censeurs, ces éducateurs à manger de ce pain immoral et immonde. Ces coureurs de gamines pullulent au sein de nos établissements déguisés en formateurs et en éducateurs.

Hélas, elle semble bien loin l’image de l’école ivoirienne perçue comme une institution assez puritaine, éminemment éducogène nourrie en cela par ce phénomène de massification sexuelle qui enlaidit cette noble institution. Malheureusement, la prédation sexuelle ne s’arrête pas aux portes de l’école, bien au contraire, elle est une pratique exogène, c’est-à-dire commise par des acteurs non scolaires. Tout porte à croire que les jeunes collégiennes et lycéennes constituent des cibles de prédilection pour bien nombre de carnassiers sexuels tapis au sein de la société. Tenez, le ministère de l’Education nationale a enregistré pour la seule année académique passée (2013-2014) pas moins de  4 076 cas de grossesse, comme quoi la gent féminine scolaire baigne dans une atmosphère de forte sollicitation sexuelle aussi bien en interne qu’en externe. Que fait le ministère de l’Education nationale face à cette corruption avancée des mœurs scolaires ? Rien, sinon presque, hormis quelques mises en garde aussi tièdes qu’inefficaces à l’endroit de son personnel, le ministère semble s’accommoder de cette situation et s’emmure dans un silence assourdissant. Plus que jamais, il importe de revenir à la moralisation du milieu scolaire ivoirien, d’engager son réarmement moral afin qu’il redevienne une poche de moralité pour le plus grand bien des apprenants et de la société.


Guinée : au secours ! les élections arrivent

guineeMalheureusement, les élections passent et se ressemblent au pays du NON au général de Gaulle. Elles restent anxiogènes, conflictuelles et très souvent dramatiques. En  dépit du poids de l’âge (l’une des premières Républiques d’Afrique à accéder à l’indépendance), tout porte à croire que les élections à venir n’échapperont pas à ce triste cycle de violence et de contestation que la Guinée sert regrettablement à la face du monde.

La Guinée : ce scandale politique !

Pouvoir et opposition sont englués dans l’impasse, incapables qu’ils sont de parvenir à un minimum de consensus politique de nature à éviter toutes ses convulsions qui agitent et endeuillent ce pays. Un pays gâté par la nature, mais réputé être un scandale géologique. Malgré ses immenses ressources naturelles, il compte paradoxalement parmi les pays les plus pauvres. La Guinée est aussi un scandale politique de l’aveu de son propre chef d’Etat, car rongé par l’incivisme, l’impunité, la corruption, le clanisme. et surtout victime d’une élite politique nombriliste dans les luttes de pouvoir. Il est bien connu que quand les éléphants se battent c’est l’herbe qui en pâtit; c’est-à-dire le petit peuple qui malheureusement est le seul à trinquer. Pour preuve, les derniers appels de l’opposition qui se sont soldés par une dizaine de morts et de nombreux blessés.

Bis repetita.

A la lumière de la répression policière, de l’intransigeance du gouvernement et du jusqu’au-boutisme de l’opposition, l’engrenage semble se mettre en place pour un remake des bains de sang passés. Autant le dire, la Guinée ne saurait être indéfiniment prise en otage par sa classe politique. Du tristement célèbre Sékou Touré réputé pour son camp Boiro ou le camp de la mort, au président Conté (non moins autoritaire), en passant par l’exubérant Dadis Camara et aujourd’hui Alpha Condé (décevant à l’épreuve du pouvoir), la Guinée soufre terriblement de son personnel politique.

Une lueur…

Cependant le renouveau politique est de l’ordre du possible, à  condition que la classe politique dans un sursaut collectif revienne à l’essentiel : servir le pays.  Il est encore temps avant que la Guinée ne s’enfonce dans les abysses des convulsions.


SUD-SOUDAN : le comble de l’ignominie politique.

salva_kiir

Manifestement l’Afrique ne finit pas d’étonner en matière de certaines mœurs politiques qui agacent et interrogent sur le sens de l’intérêt général d’une part de sa classe dirigeante. Le dernier des Etats africains en l’occurrence  le sud-soudan à peine proclamé que déjà défiguré par les luttes de pouvoir, vient d’en administrer la preuve. En effet, le parlement sud-soudanais vient d’accorder une prolongation de mandat  de trois ans au président Salva  kiir, que dis-je une prime à la paralysie politique, à l’activisme militaire de ce dernier. Tenez, sept accords de paix signés mais tous violés avec le frère ennemi d’en face (son ex-vice président Rik Machar aujourd’hui entré en rébellion), des milliers de déplacés et des centaines d’enfants  enrôlés. Et comme si le tragique tableau ne suffisait pas, les représentants du peuple soudanais ou plutôt la caisse à résonnance du parti au pouvoir se paye le luxe de concéder une rallonge de trois ans au président sortant. Le comble de l’ignominie politique, de l’indécence politique serait on tenté de dire tant-il est vrai que la gestion de cette crise majeure dans la corne de l’Afrique se révèle calamiteuse par  l’actuel tenant du pouvoir. Aucune perspective de résolution à l’horizon sinon la désolation, le choc des égos surdimensionnés que l’on sert à profusion au peuple. Si aussi à contrario, on est mû par une vision patrimoniale, nombriliste et prédatrice du pouvoir, il est plus qu’évident que les négociations de paix accouchent d’une souris. A l’évidence, certains dirigeants africains n’ont pas encore compris que la vocation de l’exercice  du pouvoir d’Etat est d’être au service du peuple et non contre le peuple. Alors, haro sur tout ce personnel politique africain qui s’enferme dans un autisme politique quitte à faire perdurer leur peuple dans  les affres  de la guerre civile.


Chaos libyen : à qui profite le crime ?

libyeIl est bien connu qu’en matière de relations internationales,  les raisons officielles qui président aux interventions militaires des grandes puissances cachent toujours des motifs inavoués. L’opération militaire de l’Otan (portée principalement par les Etats-Unis et la France) ne semble pas déroger à cette triste réalité.

Au-delà du droit d’ingérence humanitaire (la protection des populations civiles de Benghazi) évoquée par les tenants de l’interventionnisme occidental, il est établi aujourd’hui que l’activisme militaire franco-américain en Libye a revêtu un enjeu géostratégique, Et surtout, un enjeu géoéconomique. Le contrôle des immenses ressources pétrolières et gazières ou du moins la recherche de dirigeants très accommodants à la tête de la Libye. Est-il besoin de rappeler la relation épineuse du colonel Kadhafi avec l’Occident, un point qui a pesé dans la décision occidentale de porter la guerre en Libye.

Du reste, c’est un secret de polichinelle, le CNT (l’ex-organe de transition libyen) a concédé à la France des contrats très préférentiels dans l’exploitation du pétrole post-guerre, comme quoi l’altruisme ou la philanthropie n’a jamais été le moteur de l’action militaire occidental. Sinon comment comprendre encore qu’au jeu des exemples, les monarchies du golfe (l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, le Bahrein) qui ne sont pas moins dictatoriales que l’ex-régime de Khadafi bénéficient de la bienveillance, voire de la complicité de l’Occident en matière de violations des droits de l’homme ?

Une attitude à géométrie variable qui renseigne à l’évidence sur les visées occidentales en termes de sécurité énergétique. A l’instar de l’intervention militaire en Irak, en Afghanistan, celle de la Libye ouvre la porte au chaos. Un pays à feu et à sang depuis, où les milices et les groupes terroristes font la pluie et le beau temps. Le silence assourdissant actuel dans lequel se mure l’Occident coupable face à la tragédie libyenne interpelle et tranche d’avec son activisme militaire. Helàs, ainsi va le monde au gré des intérêts des grandes puissances.


Ces salauds ont mis le feu à mon paradis !

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Cette formule au vitriol (très choc) est du célèbre reggae maker ivoirien Alpha Blondy. Elle cristallise son indignation, son dégoût pour la classe politique ivoirienne responsable (à divers degrés) de la dégringolade du pays dans les affres de la guerre civile : plus de 3 000 morts.

La Côte d’Ivoire faisant autrefois office de modèle identificatoire, de référentiel dans une sous-région rongée par une instabilité persistante et une pauvreté galopante. Le pays de Félix Houphouët-Boigny était la vitrine de l’Afrique de l’Ouest, ce qui lui a valu les qualificatifs les plus élogieux comme la petite Suisse, le petit Manhattan (pour l’architecture moderne et modèle de son quartier des affaires abidjanais) ou encore la locomotive de la sous-région…

Hélas, c’était sans compter avec l’entêtement destructeur et le choc des egos surdimensionnés du personnel politique actuel. Des acteurs politiques assis sur la montagne de leurs pseudo prétentions nourrissant tous, à tort l’idée d’un destin messianique pour le pays. Le dicton est bien connu « lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit » comme quoi les seules victimes des luttes de pouvoir ont été les populations civiles ivoiriennes qui ont payé le prix fort du sang et des destructions matérielles. Allez savoir ou étaient nos hommes politiques durant les heures chaudes de la crise militaropolitique ? Toute honte bue, pour certains calfeutrés dans le bunker présidentiel, pour d’autres sous bonne escorte onusienne dans un hôtel trois étoiles de la place ou encore le chemin d’un exil doré pour les plus nombreux.

Loin d’être un cas isolé, la Côte d’Ivoire fait partie d’une longue liste de pays africains victimes de la course effrénée au pouvoir de leurs élites politiques. Hier, « ces salauds » ont mis le feu à la RDC, au Liberia, à la Sierra Leone, au Congo, au Tchad. Aujourd’hui, ils mettent le feu au Sud-Soudan et à la RCA. Plus que jamais, le renouvellement de cette vieille garde politique africaine s’impose, prédatrice et nombriliste, elle personnifie la honte de l’Afrique.


Décollage de l’Afrique : l’illusion Obama

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Jamais l’arrivée d’un président américain à la Maison Blanche n’a suscité une telle vague d’enthousiasme, de ferveur populaire à l’échelle de tout le continent africain. Un Afro-Américain sur le toit du monde, tout un symbole historique pour la planète en général et pour l’Afrique en particulier. Nous sommes en 2008 et le nouveau 44e locataire du Bureau ovale américain en l’occurrence le président Hussein Barack Obama personnifie les nombreuses attentes d’un continent africain en mal de repère et de développement. La rue africaine se prend à rêver, elle prête des ambitions africanistes à ce descendant d’immigré kényan, véritable incarnation du rêve américain et pourquoi pas du rêve de renaissance africaine ?

Hélas, après sept ans passés à la tête de l’exécutif américain, l’optimisme béat des masses sociales africaines laisse place à une profonde désillusion, la montagne semble avoir accouché d’une souris et on serait tenté de dire tout ça pour ça. Hormis quelques actions aussi disparates que timides, le bilan africain d’Obama est bien maigre (deux tournées africaines et un relatif soutien à la société civile). Comment pouvait-il en être autrement ?

Quand on perd de vue très souvent que Obama est avant tout un citoyen américain que dis-je un patriote américain qui a été élu pour répondre aux aspirations du peuple américain et non africain. Il est impérieux plus que jamais d’arrêter de sous-traiter nos responsabilités en pensant à tort que le salut de l’Afrique viendrait de l’extérieur. La dynamique de développement africain ne viendra que de l’Afrique, un développement autocentré, autopropulsé ou endogène, car comme le précise Montaigne  « on se prête aux autres dans le meilleur des cas, on ne se sert que soi-même ».


En Côte d’Ivoire, la grève devient un sport national !

frontsocialLe front social connaît une ébullition sans précédent en terre d’Eburnie. Les grèves se succèdent à un rythme effréné au point où il ne se passe plus de jour ou une corporation ne batte le pavé dans les rues abidjanaises ou ne débraye.

Après le retentissant mouvement d’humeur d’une partie des hommes de troupe de la grande muette ivoirienne (pas si muette que ça, à l’évidence), on a assisté au mouvement de protestation du personnel de santé, à la grève des greffiers, la paralysie des universités et l’arrêt de travail des agents des eaux et forêts. L’heure est à la quasi-fermeture des lycées et collèges orchestrée par l’ensemble des syndicats du secteur éducation /formation.

Abstraction faite des nombreux préavis de grèves qui s’entassent dans les cabinets des différents ministères, en un mot comme en mille, le président Ouattara est à l’épreuve du vent de la contestation sociale. Comment expliquer cette agitation sociale inhabituelle ? Elle pourrait se nourrir à deux sources. La première serait d’ordre électoral, il est bien connu qu’en Côte d’Ivoire, la période électorale, comme c’est le cas actuellement, rime avec une accentuation des revendications corporatistes pour la bonne raison que le pouvoir sortant dans une perspective de réélection accède plus facilement aux attentes des travailleurs. La seconde raison serait liée à la bonne santé macro-économique du pays avoisinant une croissance à deux chiffres (plus de 9 %). Cette embellie économique aiguise les appétits du monde du travail et légitime la contestation sociale d’autant plus que le budget ivoirien dépasse aujourd’hui plus de quatre mille milliards (un budget record dans une sous-région aux ressources financières limitées).

Au-delà de cette fronde sociale généralisée, c’est l’expression d’un malaise social profond, une détérioration des conditions de vis des masses sociales qui se dessinent en creux. La croissance économique que connaît le pays loin d’être inclusive ou partagée est peut-être l’arbre qui cache la forêt de la précarité ambiante de la majorité des Ivoiriens. En tout état de cause, le pouvoir devra acheter la paix sociale à coup de mesures sociales fortes pour espérer désamorcer la contestation sociale et mettre fin aux récriminations incessantes des masses laborieuses qui se traduisent par cette formule populaire « on ne mange pas la croissance ! »


LA MONTEE EN PUISSANCE DU FRONT NATIONAL : Où va la FRANCE ?

jm_lepenLe constat est général, il n’en est pas moins inquiétant, l’extrême droite gagne du terrain à l’échelle de toute l’hexagone. Le cancer de l’ultra-droitisation se propage comme le ver dans le fruit tant et si bien que le FN de Marine Le Pen est en passe d’être le premier parti de France à la faveur des prochaines élections départementales au grand dam de l’UMP, du PS, et de l’UDI. Vu d’Afrique, « les perspectives de croissance extraordinaire» du FN comme la très probable première force du paysage politique français ne laissent pas indifférents, elles suscitent l’indignation et sont surtout révélatrices du basculement d’une certaine France vers le piège du populisme et du repli nationaliste. Comment la belle France, celle de la diversité, de la tolérance, de la fraternité, du multiculturalisme en arrive t-elle à progressivement perdre son âme en cédant aux chants de sirène de la préférence nationale que dis-je du nationalisme de bas étage ? La réponse est à chercher très certainement dans l’échec des partis politiques traditionnels (droite comme gauche) qui à l’épreuve du pouvoir se révèlent plus décévants les uns que les autres. Il faut se le dire tout net, au jeu des exemples, ce que le ZANU-PF (le parti de Robert Mugabé) est au Zimbabwé, c’est ce que le FN est à la France, c’est-à-dire un parti sectaire, xénophobe, démagogique et non républicain. Au déla de la diabolisation ou de la banalisation du FN (stratégies improductives jusque-là promues par les partis de droite, de gauche et du centre), les pouvoirs publics  doivent répondre concrètement aux attentes des français en termes de relance économique, de résorption du chômage, de lutte accrue contre la ménace terroriste et de perspectives d’avenir pour la jeunesse. C’est à ce prix qu’on pourrait faire barrage à la vague bleue marine et surtout à la capacité extraordinaire des français à se mobiliser face aux grands enjeux, à l’instar du sursaut républicain qui a succédé aux attentats de Paris. En tout état de cause comme le rappelle Braudel non sans raison « l’autre nom de la France c’est la diversité ».


Afrique : nouveau terreau fertile du terrorisme ?

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La furie destructrice de Boko Haram

Cette interrogation n’est pas superflue ou anecdotique tant il est vrai que le constat de la poussée terroriste à l’échelle continentale s’impose aujourd’hui avec la force de l’évidence. Aqmi, Boko Haram, Ansar Dine , Ansar al-charia, Mujao, Al-mourabitoune, le groupe Etat islamique (en Libye), les shebbabs et que sais-je encore pullulent sous nos tropiques.

Jusqu’à une date relativement récente, l’Afrique, généralement, avait été épargnée par les affres du terrorisme islamiste et en particulier l’Afrique noire. Cette zone faisait figure d’exception dans un monde déjà rongé par le cancer du terrorisme. Hélas, tout porte à croire que le continent est devenu le second épicentre du terrorisme islamiste après le proche et le Moyen-Orient. Entre enlèvements, décapitations, allégeance de Boko Haram au groupe Etat islamiste et forte présence des groupes jihadistes dans la bande sahélo-saharienne, l’Afrique glisse dangereusement dans l’abîme de l’extrémisme religieux.

Cette situation fort regrettable est née de la confluence de plusieurs facteurs, à ce titre, nous pouvons citer d’abord la faiblesse de nos Etats dont précisément la porosité des frontières et l’inadaptation de l’appareil sécuritaire à cette nouvelle forme de guerre asymétrique.En outre, le mal développement ou le sous-développement dans lequel se trouve la quasi-totalité des pays africains sert idéalement de terrain propice aux groupes terroristes. Ces derniers peuvent endoctriner et  recruter dans les rangs de la jeunesse en grande partie désoeuvrée. Un dernier facteur et non moins important, celui de la très large diffusion de l’idéologie wahhabite aujourd‘hui à l’échelle du continent avec pour conséquence un enseignement religieux de plus en plus rigoriste, qui tranche d’avec l’islam tolérant que le continent a toujours connu.

Cependant, loin d’être une fatalité, la gangrène du terrorisme peut être contenue sous certaines conditions, à savoir d’abord le renforcement de l’appareil sécuritaire et la mutualisation des moyens de lutte contre les groupes terroristes (à l’instar de la lutte régionale contre Boko Haram). Ensuite, il faut résorber le chômage ambiant dans lequel est plongée la jeunesse pour éviter qu’elle ne succombe aux chants de sirènes des groupes terroristes. Enfin, il importe d’encadrer l’enseignement religieux dispensé dans les écoles coraniques par un droit de regard de l’Etat afin de revenir à un islam tolérant et ouvert. Comme le rappelle avec raison Jean Jaures « on transmet du foyer des ancêtres, la flamme et non la cendre ».