Seydou KONE

ATTENTAT CONTRE CHARLIE HEBDO : NI LES FRERES KOUACHI NI CHARLIE !

Le concert de protestation et d’indignation à l’échelle planétaire suscité par la vague d’attentats dont a été victime la France est révélateur de la solidarité des peuples face au terrorisme ou à l’extrémisme. Rien ne peut justifier une telle barbarie, une telle boucherie encore moins l’Islam qui contrairement aux clichés ou aux actes terroristes commis fallacieusement en son nom est à la base miséricorde, paix et amour. Not in ours names (pas en nos noms) pourraient-on dire à tous ces Mohammed Merrah,  à tous ces Coulibaly amedy ou aux frères Kouachi qui ne cessent  par leurs agissements insoutenables d’enlaidir et de diaboliser l’ISLAM dont ils prétendent justement servir la cause.

S’il est vrai que nous ne sommes pas les frères Kouachi au sens de rejeter inconditionnellement l’extrémisme religieux, il est tout aussi vrai que nous ne sommes pas charlie si tant qu’etre charlie c’est la normalisation et la banalisation de l’offense, le droit à la provocation inutile,à la diffamation ou à l’insulte qu’on à vite fait d’assimiler à tort à la liberté d’expression. Drôle de paradoxe quand on sait que les spectacles de l’humoriste Dieudonné ont été annulés dans certaines villes de France parce que considérés comme étant anti-semites et que les caricatures du prophète à l’évidence islamophobes et délibéremment provocantes sont à mettre au compte de la liberté d’expression.

Comment comprendre ce propos du premier ministre Manuel  Valls concernant la récente mise en examen du polémiste Dieudonné pour apologie du terrorisme « il ne faut pas confondre la liberté d’opinion et l’anti-sémitisme ». Comme quoi la liberté d’expression n’autorise pas  l’anti-sémitisme mais la liberté d’expression n’autorise pas aussi l’islamophobie. Alors ni les frèrs Kouachi ni Charlie!

 

DECAPITATION DU COMITE DE REDACTION DE CHARLIE HEBDO : LE 11 SEPTEMBRE FRANÇAIS !

On savait la France menacée à  l’instar de tous les pays occidentaux engagés dans la lutte contre le terrorisme international mais on ne la savait pas aussi vulnérable face à ce qu’il est convenu d’appeler le terrorisme de l’intérieur. Une opération quasi militaire rondement menée en plein Paris, en plein jour, tout un symbole. Après les attentats du world trade center, ceux de Madrid et de Londres, la France est à son tour plongée dans la tourmente meurtrière de l’Islam radical. Un véritable 11 septembre à la francaise que constituent ses actes terroristes contre charliehebdo et l’épicérie juive de la porte de Vincennes tant par le déchainement de violence que par l’onde de choc suscité.

Pour sûr, à l’image des USA qui ont connu un avant et un après 11 septembre, la France n’échappera pas également aux mutations consubstantielles, aux grands traumatismes historiques. Gageons simplement que cette guerre déclarée à la France selon le mot de Nicolas Sarkozy ne nourrisse pas un climat islamophobe tournant à l’amalgame suivant : Islam=Islamisme, Islamisme=terrorisme.


Mobilisation contre le double attentat en France ou l’indignation sélective

2015-01-11T140807Z_183256001_LR2EB1B13983O_RTRMADP_3_FRANCE-SHOOTING(1)_0Jamais des attentats à l’échelle contemporaine n’ont suscité une telle tempête d’indignation, un tel élan de solidarité et de sympathie, une mobilisation exceptionnelle. La communauté internationale au chevet de la France, une solidarité qui à culminé durant la marche républicaine du 11 janvier faisant de Paris la capitale du monde selon le mot de François Hollande.

Si cette vague inhabituelle de soutien de la communauté internationale est à saluer, ce qui l’est moins davantage, c’est cette indignation sélective, cette solidarité à géométrie variable qui met au centre de l’attention internationale certains actes terroristes au détriment de d’autres non moins dramatiques sinon plus.

Comment comprendre la relative indifférence de cette même communauté internationale quant aux carnages commis par le groupe terroriste Boko Haram au Nigeria dont le dernier en date dans la foulée des attentats en France s’élèverait à plus de 2 000, abstraction faite de la menace de déstabilisation que ce groupe constitue pour le Cameroun et le Tchad ?

Que penser également de l’incurie de cette même communauté internationale concernant le chaos libyen engendré par « ses bons soins »? Que dire aussi du peu d’attention de la communauté internationale relativement aux assauts répétés du groupe terroriste shebab au Kenya ?

En tout état de cause, au nom du principe que toutes les larmes sont salées et du principe de l’égalité de la dignité humaine, il faut en finir avec cette mondialisation de l’indifférence sélective selon le mot du pape François au profit d’une véritable mondialisation des valeurs de partage et de solidarité internationale.


JUSTICE INTERNATIONALE : VOUS AVEZ DIT LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE OU LA COUR PÉNALE AFRICAINE ?

Le constat est sans appel, en dépit des dénégations officielles des promoteurs du traité de Rome instituant la cour pénale internationale, celle-ci prend  le  nouveau visage serait-on tenté de dire de la domination occidentale, un moyen de pression et de répression dirigé uniquement contre l’Afrique. Sinon comment comprendre que les foudres de la cour pénale internationale ne s’abattent que sur les africains aussi bien au niveau des condamnations prononcées que des procès en cours.Tenez ,sept poursuites engagées depuis sa création en juillet 2002, toutes en Afrique et aujourd’hui elle se paye le luxe de sommer certains pays africains comme la Cote-d’ivoire et la Libye de lui remettre respectivement Simone Gbagbo et Saif-el –ISLAM pour des faits présumés crimes de guerre relevant de sa compétence. Est-ce à dire que l’Afrique à l’apanage ou le monopole de l’impunité, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ? Assurément que non ! Pour peu qu’on veuille regarder ailleurs. Que dire de l’intervention illégale américaine en Irak sur fond de mensonge politique orchestrée par George bush et Tony blair qui à mis ce pays à feu et à sang ? Que dire des pratiques de torture de la CIA dans ses prisons secrètes et à Guantánamo ? Que dire alors d’Israel, dernier pays colonisateur de la planète et de ses opérations militaires en terre palestiniennes avec à la clé des milliers de morts ? Allez demander a la grande Chine ou à la Corée du Nord leurs conceptions bien singulières  des droits de l’homme ou encore que dire des nombreux crimes de guerres de l’armée russe dans le Caucase ? Bref la matière ne manque pas sous d’autres latitudes et c’est peu que de le dire. Surtout ne nous méprenons pas, l’Afrique a sa part de responsabilité dans cet acharnement judiciaire international, comme le dit avec raison l’écrivain français Jules Romain « il n’y a pas de victimes innocentes ». En effet, les dirigeants africains pour régler les comptes à leurs opposants n’hèsitent pas généralement à les déporter a la Haye, comme quoi le drame de l’Afrique c’est d’abord les africains.


CARNET DE ROUTE : DE LA COTE D’IVOIRE A BATA EN GUINEE –EQUATORIALE, COMMENT L’AVENTURE A TOURNE AU CAUCHEMAR (ACTE 1)

Nous sommes au sortir de la crise post électorale en COTE D’IVOIRE en juin 2011 quand mon collègue et moi (enseignants que nous étions au privé à Séguela) décidons d’aller tenter l’aventure en Guinée-Equatoriale, richissime petit pays de l’Afrique centrale réputé pour être le Koweït africain tant par l’importance de ses réserves pétrolières que gazières. Dans un contexte à l’époque (Juin 2011) ou l’économie ivoirienne était presque à l’arrêt, le pessimisme était la chose la plus partagée quant à notre avenir même si certains comme nous étions formellement en poste dans des établissements privés ou le salaire que dis-je la prime mensuelle frisait le ridicule (20 ou 25.000 FCFA). Alors, on n’avait rien à perdre sinon tout à gagner à aller sous d’autres cieux surtout quand il s’agissait de la Guinée-Equatoriale, nouvelle terre promise des migrants ouest africains.

Sans attendre la fin de la période de révision consacrée aux classes d’examens, mon collègue et moi quittions notre établissement privé de Séguela pour Abidjan avec nos maigres économies (cent cinquante mille environ) portés par la force de l’espoir en un lendemain meilleur mais aussi suffisamment lucides pour savoir que l’aventure pouvait tourner à l’échec auquel cas il fallait revenir rapidement pour coïncider avec la vague de recrutement que l’Etat devait entreprendre suite aux nombreux besoins de l’administration ivoirienne.

La somme de  150.000 mille que nous possédions pouvait-elle raisonnablement assurer notre périple jusqu’en Guinée-équatoriale ? Assurément que non, peu importe, il fallait qu’on parte, le principal était de poser le premier pas, quitte à envisager progressivement les solutions de fortune pour atteindre la Guinée-équatoriale. Sans vouloir se laisser prendre au piège de la paralysie d’une réflexion excessive, deux jours après notre arrivée à Abidjan, nous mettons le cap sur Noé la dernière localité ivoirienne frontalière avec le Ghana. Tant bien que mal après les formalités d’usage nous arrivons à passer la frontière non sans avoir déboursé de l’argent car le prétexte était que nous n’avions pas de carnets de vaccinations. Le plus important était que nous passions cette première étape, nous y étions arrivés. On avait gagné une bataille, sûrement, la moins difficile, le périple était encore long (traverser le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria avec sa zone de non droit occupée par boko haram et le Cameroun avant d’atteindre la Guinée-équatoriale) un périple avec son lot d’incertitudes, de péripéties, de riches enseignements, en somme de leçons de vie que le prochain acte 2 de cette série de billets consacrés à ce que nous appelons la migration du désespoir se fera fort de révéler.


DU DISCOURS DE DAKAR DE SARKOZY EN 2008 AU DISCOURS DE DAKAR D’HOLLANDE LORS DU 18e SOMMET DE LA FRANCOPHONIE …

Jamais discours de président de la 5e République française n’aura suscité une telle tempête d’indignation à l’échelle du continent africain,un véritable concert de protestions qui n’est pas prêt de retomber.Ce qu’il est convenu d’appeler le tristement célèbre discours de Dakar tenu par Nicolas Sarkozy en 2008 ,en fait,n’est rien moins qu’un tissu de paternalisme,de condescendance et de mépris affiché envers tout un continent, poussant l’irresponsabilité jusqu’à le tenir en terre africaine précisément à l’université Cheick Anta Diop,haut lieu du savoir sénégalais. A l’affirmation selon laquelle « l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire », le président Hollande, récemment lors du 18e sommet de la francophonie a Dakar s’est fait fort de marquer non sans raison que l’Afrique est dans l’histoire. Elle participe au présent du monde et mieux elle est l’avenir du monde. Poumon spirituel du monde selon le mot du Pape François, elle est aussi le poumon écologique de la planète  grâce au bassin du Congo, sans compter ses énormes ressources économiques, géologiques, agricoles mais aussi la puissance démographique qu’elle est appelée a être (2 milliards d’habitants en 2030) et biens d’autres atouts qui font de l’Afrique ce que les économistes appellent la dernière frontière du développement. Ne nous méprenons pas, les défis sont encore énormes mais l’afro-pessimisme ambiant constaté il y a peu cède la place au vent de l’espoir, au vent de l’afro-centricité n’en déplaise aux esprits retors qui n’ont pas compris que la marche des peuples est tout sauf inscrit dans le marbre.


GENERATION DOREE, GENERATION DECEVANTE

Au simple énoncé des noms des cadres de la sélection séniore ivoirienne de football, les qualificatifs et superlatifs fleurissent  de toutes parts : joueurs de classe mondiale, dépositaires du jeu de leurs clubs respectifs, serial buteurs, feux follets… Et pourtant  à l’épreuve de l’équipe nationale, ils se révèlent fort décevants. Comme quoi une constellation de bons joueurs ne fait pas nécessairement une bonne équipe. Pendant plus de dix ans, malgré ce fort potentiel, ce vivier à faire pâlir d’envie toute la planète footballistique, ils n’ont pas réussi à se hisser sur le toit de l’Afrique, l’heure est encore à la disette  pour cette sélection. Aucun trophée dans l’escarcelle, les CAN (Coupe d’Afrique des Nations) passent et se ressemblent, de même que les coupes du monde. Les changements de sélectionneurs au delà des effets d’annonce n’ont guère permis de vaincre le signe indien. Serait-on tenté de dire génération dorée, génération maudite .Les dernières défaites contre le Cameroun et la RDC dans le cadre des éliminatoires pour la CAN 2015 ont fini de convaincre sur l’état de déliquescence de l’équipe ivoirienne. Le diagnostic est accablant et récurent : manque de volontarisme voire de professionnalisme des joueurs, manque de discipline, choc des égos, manque de bloc équipe (d’unité de corps)… L’enthousiasme populaire dont elle a été entourée jusqu’à peu s’érode comme peau de chagrin, les éléphants font plus que jamais figure de repoussoir. La teneur de ce sms qui circule dans les milieux populaires ivoiriens en dit long « chers ivoiriens, mobilisons nous pour chasser les éléphants de la Côte d’Ivoire, parce qu’ils sont pires que l’ébola et le sida. Mesures de prévention :

1-éviter tout contact avec le maillot éléphant ;

2-ne plus regarder un de leurs matchs ;

3-Ne plus supporter ;

Ensemble luttons contre la déception éléphantine »

Le nouveau sélectionneur Hervé Renard semble avoir pris la pleine mesure de ce naufrage collectif et initié un vaste chantier de reconstruction de l’équipe nationale. Probablement la mayonnaise prendra non sans difficulté et patience, en attendant  « match de Côte d’ivoire : cardiaques s’abstenir au risque de passer de vie à trépas ».


COTE D IVOIRE : LAURENT DONA FOLOGO OU L’ART DU RECYCLAGE POLITIQUE.

L’opinion populaire ivoirienne lui prête ce propos « je sèche mon habit là ou brille le soleil » comprenez par là que je me range toujours du coté du pouvoir, bien entendu pour bénéficier de ses avantages ou de ses délices .Homme politique aussi controversé qu’inoxydable, Laurent Dona Fologo  est passé maître dans l’art de rebondir, de se refaire toujours une santé politique en dépit des tumultes du marigot politique ivoirien. Donnez pour mort politiquement après chaque changement de régime, tel un sphinx, il renaît toujours de ses cendres, mieux, il réussit le tour de force chaque fois de revenir en grâce. Il a été de tous les régimes, d’Houphouet Boigny à Bédié en passant par ceux de Robert Guei et de Laurent Gbagbo avec à la clé un poste de président du conseil économique et social sous l’ex- régime de la refondation. Aujourd’hui comme hier ,il opère un rétropédalage à 180 km à l’heure cette fois en faveur du camp de l’actuel président OUATTARA naguère son adversaire juré aux dernières présidentielles ,il se fait désormais l’apotre de l’appel de daoukro qui soutient la candidature unique du président OUATTARA au sein de la coalition des houphouétistes. Il se signale ainsi par un appel de phare en plein midi selon les termes de l’humoriste ivoirien Adama Dahico. Hélas des Fologo ,l’Afrique en connait sous toutes ses latitudes,des hommes politiques  aussi inconstants que des pirouettes qui pensent à tort que le pouvoir est une immense mangeoire ou l’on se sert au lieu de servir le peuple .


France : au secours, ces «sales nègres» immigrés ou enfants d’immigrés…

jm_lepenLe constat est général, il n’en est pas moins inquiétant, l’extrême droite gagne du terrain à l’échelle de toute l’Europe. Autrefois marginale et politiquement incorrecte, l’extrême droite se propage à une vitesse jamais égalée. De l’Italie à l’Espagne, à la Grèce, à l’Angleterre en passant par la Norgève ou la France, le chancre ou la gangrène de l’ultra nationalisme se répand comme le ver dans le fruit. Un pays en particulier et non des moindres en l’occurrence la France semble de plus en plus céder aux sirènes de la préférence nationale (que dis-je du nationalisme de bas étage) promue par le Front national de Marine Le Pen. La montée en puissance du FN lors des dernières sénatoriales et européennes en dit long sur le basculement d’une certaine France vers le piège du populisme. En effet, l’électorat français est de plus en plus réceptif au discours anti-immigration, anti-islam et anti-Noir. Pour preuve, les propos de Willy Sagnol, entraîneur de l’équipe de Bordeaux, sur le manque d’intelligence des joueurs noirs ou encore ce livre polémique d’Eric Zemmour intitulé Le suicide français qui n’est rien moins qu’un véritable réquisitoire contre ce qu’il appelle les ennemis de l’intérieur : islam, les immigrés en bonne place les nègres ou encore les différents tours de vis apportés au flux migratoire africain en direction de la France aussi bien appliqués par la droite que par la gauche actuellement au pouvoir. A cela, il faut ajouter les difficultés d’intégration sociale et économique de ces Français de couleur issus des banlieues.

Surtout que la France réactionnaire, anti-immigration ne se méprenne pas, la France est riche de ces sales nègres, immigrés ou enfants d’immigrés sur le plan sportif, culturel, économique et social. De plus, par leur ascendance, ils ont participé au prix du sang à la libération de la France en 45. Il faut se le dire également la France profite aussi bien de l’immigration choisie selon le mot de Nicolas Sarkozy que de l’immigration subie (ces travailleurs noirs, non en règle, employés au noir, sous-payés et exploités). En tout état de cause, le repli sur soi n’est plus une option dans un contexte international de plus en plus globalisé.


FONCTION : PRÉSIDENT A VIE

paul_biya
Paul Biya, président du Cameroun à partir de 1982.

 

José Eduardo dos Santos

FONCTION : PRESIDENT A VIE

« J’y suis , j’y reste »  telle pourrait être la formule à appliquer à beaucoup de chefs d’Etat africains que dis je de monarques républicains africains qui à tort se croient porteurs d’un destin messianique ou pensent être encore à l’ère de l’Ancien Régime ( en France) dans une monarchie de droit divin.

Cette race de chefs d’Etat est loin d’être en voie de disparition sur le continent africain. A en juger par les records de longévité au pouvoir et la volonté marquée au fer de ces chefs traditionnels (dans la tradition africaine un chef s’éteint toujours au pouvoir) d’y demeurer, tout porte à croire que le vent de l’alternance politique peine à souffler  sous toutes les latitudes africaines. Dans cette atmosphère de confiscation du pouvoir, l’Afrique centrale et l’Afrique australe remportent de très loin la palme d’or des chefs d’Etat nonagénaires octogénaires et grabataires au pouvoir. De Robert Mugabé (27 ans de pouvoir)  à Paul Biya (33 ans de pouvoir) , à Obiang N’guema (35 ans de pouvoir) à Yuwéri Museveni (28 ans de pouvoir) en passant par José Edourado Dos Santos(36 ans de pouvoir) sans oublier la jeune garde bien décidée également à résister à l’usure du temps (Paul Kagamé, Joseph Kabila, Omar Bechir)  les subterfuges ne manquent pas pour tripatouiller la constitution et faire sauter le verrou de la limitation des mandats. Nous n’oublions pas les célèbres contre exemples comme la dernière réélection surréaliste d’Abdelaziz Bouteflika dans un fauteuil roulant ou encore l’inoxydable Blaise Compaoré qui était prêt à rempiler pour un énième mandat balayé fort heureusement par le vent de la contestation sociale.

Cependant  dans cette grisaille générale, certains pays font office de bons élèves comme le Sénégal, la Zambie, le Botswana, le Cap vert ou l’Afrique du sud. Abstraction faite du Maghreb qui a connu au forceps un renouvellement de sa classe dirigeante grâce au printemps arabe, le chemin est encore long pour parvenir à cette culture démocratique, à cette culture de l’alternance politique en Afrique.

Gageons simplement que la révolution burkinabé fasse école ou à tout le moins puisse inspirer positivement nos roitelets africains afin qu’ils passent la main.

robert_mugabe

 


Côte d’Ivoire : à Gagnoa on ne va pas à l’école

 

www.saintpierre-express.fr flickr
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Les années passent et se ressemblent à Gagnoa. En dépit du changement de régime et de la volonté du ministère de l’Education de sortir des sentiers battus. Comprenez; se débarrasser des vieilles pratiques comme la violence et l’incivisme qui ont plongé le système éducatif ivoirien dans un état comateux.

Hélas, les habitudes n’ont pas fondamentalement changé au niveau des mœurs scolaires à Gagnoa. Le règne de l’enfant roi ou de l’élève roi prend un relief fort particulier dans cette ville historiquement et politiquement frondeuse. Tout est prétexte pour les élèves à se donner des jours de congés indus ou à défaire le calendrier national des congés scolaires selon leur caprice du moment.

Dernier exemple, ce lundi 10 novembre 2014, l’atmosphère est lourde au sein du lycée moderne 3 de Gagnoa, motif : le décès d’un enseignant. Après la montée du drapeau, les apprenants se regroupent et décident sur le moment de l’arrêt des cours jusqu’au mercredi 13 novembre et selon une tendance jusqu’au 15 novembre. Dans la foulée, le proviseur convoque une réunion avec le personnel enseignant et d’encadrement durant laquelle il décide avec l’accord du DREN de marquer le deuil en libérant les élèves pour la seule journée du lundi 10 novembre.

Surprise (pas vraiment) le mardi 11 novembre, la cour du lycée moderne 3 est désespérément vide, l’arrêt des cours lié au deuil décrété par les élèves se poursuit toujours selon leur convenance. Cette attitude surréaliste me fait penser à la remarque d’un collègue : « Au lycée moderne 3 lorsque les cours sont perturbés en début de semaine, les cours ne reprennent qu’en début de semaine prochaine », drôle de fatalité pour une drôle d’école dans cette partie combien sensible de la Côte d’Ivoire.

Triste que de voir instrumentaliser le décès d’un enseignant par les élèves à des fins d’arrêt de cours prolongés. Cette culture du mépris des règles et de l’incivisme qui consiste à laisser les apprenants faire la pluie et le beau temps semble être nourrie aussi bien par le laxisme coupable des chefs d’établissement que de la direction régionale de l’éducation nationale. En attendant la prise de mesures énergiques pour freiner ce fléau, le règne de l’apprenant roi à Gagnoa semble avoir de beaux jours devant lui avec pour credo : « On ne va pas à l’école à Gagnoa et ça ne va pas à quelque part ».