L’envoi de 2 100 soldats sénégalais en Arabie saoudite : un parfum de pétrodollars
En dépit des dénégations officielles, la polémique ne semble pas retomber concernant la décision du président Macky Sall de procéder à l’envoi de 2 1OO soldats sénégalais en Arabie saoudite dans le cadre de la guerre que mène ce pays contre les rebelles « houthis »

Une controverse qui enfle à juste titre et qui interroge sur les véritables motivations qui ont présidé à cette mesure assez inhabituelle. En effet, le nombre important de soldats sénégalais en passe d’être engagés dans ce conflit et l’éloignement du théâtre des opérations ( le Sénégal étant à des années-lumière ) nourrissent des doutes raisonnables sur le caractère amical et religieux (la participation à la défense des lieux saints) que défendent les autorités sénégalaises. Sans nier que le Sénégal a une forte tradition de pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Tout porte à croire que pour ce coup là, le pays de la Téranga va monnayer au prix fort sa participation massive à la coalition militaire contre les « houthis ». Sans parler avec l’assurance d’un prophète, néanmoins se dégage un parfum de pétrodollars de cet envoi extraordinaire de troupes à l’extérieur. Quand on sait que ce conflit à fort relent religieux (sunnites contre chiites) est un conflit lointain, qu’il n’est pas sien et que pour l’heure aucun pays de la coalition n’a décidé de l’envoi de troupes au sol, on est assez intrigué par l’activisme militaire sénégalais. Mais au fond, personne n’est dupe, un accroissement de l’aide économique apportée par Riyad a très certainement pesé dans la balance.
Un paradoxe humanitaire.

Sinon, les foyers de tensions ne manquent pas à l’échelle de l’Afrique (l’est de la RDC, le Nord-Mali, le Sud-Soudan, la RCA…), le Sénégal aurait pu y déployer ses troupes ou y renforcer sa présence. Le dicton est connu, on balaie devant sa porte avant d’aller voir ailleurs. Cette attitude de l’exécutif sénégalais pourrait être assimilé à bien des égards à du mercenariat d’État déguisé qui exposerait ses soldats à des risques certains lors d’une confrontation ouverte avec les miliciens houthis. Malheureusement, une partie de l’élite dirigeante africaine continue d’étonner et d’agacer par certaines prises de décisions qui déshonorent tout le continent. Faut-il le rappeler, le continent africain ne saurait s’enfermer indéfiniment dans des rapports de vassalité avec les autres parties du monde fut-ce des puissances financières, car la dignité ne saurait s’accommoder de compromissions financières.
Commentaires