Alexis Tsipras vu d’Afrique

16 février 2015

Alexis Tsipras vu d’Afrique

tsiprasContrairement à une partie de l’Europe (l’Allemagne aux premières loges), Bruxelles et les marchés financiers qui voient d’un très mauvais œil la désignation d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre grec, l’opinion populaire africaine (bien que n’ayant pas très souvent voix au chapitre)  se réjouit de son arrivée au pouvoir.  Elle semble même porter une admiration à ce militant de la gauche, de la gauche désormais à l’épreuve du pouvoir.

En effet, sous les latitudes africaines, le nouveau chef de gouvernement ne laisse pas indifférent. Son courage politique, sa liberté de ton et sa volonté de donner au peuple grec sa dignité perdue ne manquent pas de séduire. Et  l’Afrique de rêver qu’elle aussi à la possibilité de son émancipation véritable ou à tout le moins d’un rééquilibrage de ses relations avec les milieux financiers internationaux. L’imagerie populaire africaine l’assimile à bien des égards à la figure historique et populaire de Thomas Sankara. Les deux hommes ont la fougue de la jeunesse, la qualité de tribun, de réformiste, le sens de la restauration de la dignité de leur peuple respectif, le refus des diktats. A ceci près qu’Alexis Tsipras se ravise progressivement et évoque désormais la trompette de la restructuration de la dette. Qu’à cela ne tienne ! si seulement l’Afrique avait en son sein des hommes de la trempe d’Alexis Tsipras capables de sonner la résistance dans les années 90 lors des fameuses politiques d’ajustement structurel. imposées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Des décisions qui se sont traduites par des privatisations à marche forcée que dis-je de vastes braderies de pans entiers des économies africaines. Aéroports, ports, chemins de fers, télécommunications, banques, secteurs de l’eau, de l’électricité… Pratiquement, aucun secteur n’a été épargné, même les plus névralgiques (chose impensable en Occident) au nom d’une certaine orthodoxie budgétaire ultra libérale qui des décennies après se sont révélées être un échec patent du propre aveu des institutions de Brettons Woods.

Hier comme aujourd’hui, l’Afrique réclame des Alexis Tsipras non pas dans le sens du rejet des engagements internationaux du continent, mais plutôt dans le sens de l’édification d’un ordre économique et politique international beaucoup plus équitable assorti d’une relation décomplexée d’égal à égal avec nos interlocuteurs.

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Commentaires

Widlore Mérancourt
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Merci pour ce billet camarade ! La situation est quelque peu contrastee en Haiti ou le personnage est pas ou peu connu. Cela, malgre l'etranglement que subit l'economie haitienne depuis les annees 80 a coup de "reformes structurelles" du FMI.

marc
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Bravo

Aboudramane koné
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En tout cas l'homme à une gueule d'ange et un culot d’âne. Reste à voir s'il ne va as très vite déchanté. Gbès est mieux que dra.

renaudoss
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Je crois qu'il ne va pas vraiment tenir fasse à ce qui l'attends. Vu les pressions qui vont s'exercer sur lui, et qui ont déjà commencé d'ailleurs, il va soit se plier soit se briser.
A moins qu'il ne fasse vraiment une rupture d'avec le système actuel, ce qui serait une divine surprise.