Seydou KONE

PERFORMANCES MACRO-ECONOMIQUES EN AFRIQUE : « ON NE MANGE PAS LA CROISSANCE ! »

migrantsLes récriminations sont récurrentes et éminemment révélatrices de l’état d’esprit du citoyen lambda en Afrique dans un contexte pourtant de forte croissance économique ou de bonne santé macro-économique. « On ne mange pas la croissance » répète à l’envi la rue africaine, la masse la plus laborieuse encore engluée dans les affres de la pauvrété généralisée, du chômage et des inégalités sociales persistantes. Contrairement à la croissance économique européenne qui est en berne voire atone, l’Afrique s’en sort plutôt à bon compte avec un taux de croissance moyenne de 5% allant même jusqu’à une croissance à deux chiffres pour des pays comme l’Angola, la Guinée équatoriale ou la Côte d’Ivoire. Malheureusement, les populations dans leur écrasante majorité ne goûtent pas véritablement aux fruits de cette croissance, le panier de la ménagère que dis-je le sachet de la ménagère se réduit comme peau de chagrin tant il est vrai qu’assurer les trois repas quotidiens rélève de plus en plus de la croix et de la bannière pour nombre de familles, ne me parlez même pas de couverture santé, l’heure est à la survie, au système D. Tout porte à croire que l’embellie macro-économique est l’arbre qui cache la forêt des énormes difficultés existentielles auxquelles sont sujettes les masses populaires africaines, une des preuves les plus irréfutables de cette précarité ambiante demeure les drames à répétition de l’immigration clandestine au large des côtes libyennes ou dans les eaux du plus grand cimetière marin pour immigrés en l’occurrence la méditerranée. Une jeunesse en général en proie au désespoir, à l’incertitude du lendemain qui a le regard tourné de plus en plus vers l’occident même au prix de la vie. Certes, il faut le reconnaitre, des efforts sont consentis par les pouvoirs publics en termes de politique infrastructurelle et d’équilibre macro-économique mais on est encore très loin du compte. Encore faut-il transformer la croissance actuelle en croissance inclusive, partagée et durable.


La majorité sous les tropiques africains

  1. frondeurs PSAssurément le passage en force de l’exécutif français (l’usage de l’article 49-3 de la Constitution) concernant la loi Macron prête à sourire sous les latitudes africaines et étonne le sens commun à plus d’un titre. Comment un chef d’Etat (en l’occurrence le président Hollande) en arrive-t-il à ne pas contenir ses troupes en laissant prospérer dans ses rangs une véritable fronde susceptible de déstabiliser l’action gouvernementale ? La rue africaine s’interroge et n’en revient toujours pas tant il est de notoriété publique que sous nos tropiques, un chef d’Etat dans sa chapelle politique, ça ne se conteste pas frontalement (peut-être en sourdine au pire des cas) ou purement et simplement ça démissionne pour rejoindre l’opposition. Peut-il avoir une alternative à la majorité dans la majorité comme le prétendent les députés frondeurs du Parti socialiste français ? Pas si sûr, il faut bien choisir son camp quitte à apporter des critiques constructives uniquement au sein des instances du parti tout en étant responsable. Au-delà des passes d’armes, de la différence d’opinions affichée par les députés frondeurs, ce sont les questions de solidarité, de discipline et de responsabilité au sein de la majorité socialiste qui sont mises en épingle. En tout état de cause, vues d’Afrique, les mœurs politiques au sein du PS qui tournent à la défiance  du chef de l’Etat français sont surréalistes et dénotent d’un manque d’autorité de la part de celui-ci. En guise d’exemple, le pouvoir ivoirien vient d’administrer la preuve de sa ferme volonté de ne pas laisser prospérer dans ses rangs une quelconque dissidence. Cela à travers le débarquement retentissant de l’écrivain et journaliste Tiburce Koffi ( précédemment directeur de l’Institut national de formation culturelle) pour avoir contesté à travers la publication d’un livre l’appel de Daoukro (en faveur de la candidature unique du président Ouattara au sein de la coalition des Houphouëtistes), mais aussi, et surtout le rappel à l’ordre sans ménagement du ministre Jean Louis Billon qui avait critiqué publiquement la concession du 2e terminal à conteneurs du port autonome d’Abidjan au groupe français Bolloré. Comme quoi, un frondeur à la grande liberté de ton, ça ferme sa gueule ou ça démissionne !


Alexis Tsipras vu d’Afrique

tsiprasContrairement à une partie de l’Europe (l’Allemagne aux premières loges), Bruxelles et les marchés financiers qui voient d’un très mauvais œil la désignation d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre grec, l’opinion populaire africaine (bien que n’ayant pas très souvent voix au chapitre)  se réjouit de son arrivée au pouvoir.  Elle semble même porter une admiration à ce militant de la gauche, de la gauche désormais à l’épreuve du pouvoir.

En effet, sous les latitudes africaines, le nouveau chef de gouvernement ne laisse pas indifférent. Son courage politique, sa liberté de ton et sa volonté de donner au peuple grec sa dignité perdue ne manquent pas de séduire. Et  l’Afrique de rêver qu’elle aussi à la possibilité de son émancipation véritable ou à tout le moins d’un rééquilibrage de ses relations avec les milieux financiers internationaux. L’imagerie populaire africaine l’assimile à bien des égards à la figure historique et populaire de Thomas Sankara. Les deux hommes ont la fougue de la jeunesse, la qualité de tribun, de réformiste, le sens de la restauration de la dignité de leur peuple respectif, le refus des diktats. A ceci près qu’Alexis Tsipras se ravise progressivement et évoque désormais la trompette de la restructuration de la dette. Qu’à cela ne tienne ! si seulement l’Afrique avait en son sein des hommes de la trempe d’Alexis Tsipras capables de sonner la résistance dans les années 90 lors des fameuses politiques d’ajustement structurel. imposées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Des décisions qui se sont traduites par des privatisations à marche forcée que dis-je de vastes braderies de pans entiers des économies africaines. Aéroports, ports, chemins de fers, télécommunications, banques, secteurs de l’eau, de l’électricité… Pratiquement, aucun secteur n’a été épargné, même les plus névralgiques (chose impensable en Occident) au nom d’une certaine orthodoxie budgétaire ultra libérale qui des décennies après se sont révélées être un échec patent du propre aveu des institutions de Brettons Woods.

Hier comme aujourd’hui, l’Afrique réclame des Alexis Tsipras non pas dans le sens du rejet des engagements internationaux du continent, mais plutôt dans le sens de l’édification d’un ordre économique et politique international beaucoup plus équitable assorti d’une relation décomplexée d’égal à égal avec nos interlocuteurs.


ANNEE ELECTORALE 2015 EN AFRIQUE : TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION !

myconstitutionTels pourraient être les maîtres-mots des partis d’oppositions et des sociétés civiles africaines. Après le précédent historique de la révolution burkinabé, les partis d’oppositions africaines se sentent pousser des ailes et comptent bien faire barrage à toutes les manœuvres de contournement ou de suppression du verrou de la limitation des mandats. L’opposition en République Démocratique du Congo vient d’en administrer la preuve, en amenant sous la pression de la rue le parlement congolais à retirer un projet de loi qui sous le couvert du recensement de la population permettrait au président Joseph Kabila en effet de jouer les prolongations après la fin de son dernier mandat. Plus que jamais les partis d’opposition bénéficient de vents défavorables aux mandats sans fin confortés en cela par la société civile ou les mouvements citoyens qui s’illustrent désormais comme des acteurs incontournables de la fronde contre la confiscation du pouvoir. A ce titre, l’activisme des mouvements y-en-a marre au Sénégal, le balai citoyen au Burkina Faso ou encore plus surprenant, les prises de positions incisives de l’évêque de Kinshasa contre le pouvoir congolais sont assez révélateurs. Pas si sûr que le printemps burkinabé puisse inspirer positivement maints de nos dirigeants africains qui ont battu des records de longévité au pouvoir à vouloir passer la main. Du reste le président Sassou N’Guesso le répète à qui veut l’entendre « Brazaville n’est pas Ouagadougou » comprenez que le Congo Brazaville n’est pas le Burkina Faso donc comparaison n’est pas raison.


SACRE CONTINENTAL DES ELEPHANTS : GENERATION DOREE, ENFIN GENERATION VICTORIEUSE !

sacre_des_elephantsOn ne donnait pas chère leur peau avant l’entame de cette 30ième édition de la coupe d’Afrique des Nations 2015 tant les déceptions étaient vivaces (deux finales perdues en 2006 et 2012) et les défis énormes à relever : une équipe en pleine reconstruction, le départ de certains cadors dont l’emblématique Didier Drogba et le manque d’homogéneité de la sélection qui tournait plus à une constellation de stars qu’à un bloc équipe.

Et pourtant en dépit des récriminations incessantes, la Cote d’ivoire à réussi le tour de force de se sublimer au fil de la compétition pour se hisser sur le toit du football africain. Enfin une 2ième étoile accrochée au maillot des éléphants qui 23 ans après renoue avec le titre continental certes dans la douleur mais dans la combativité retrouvée. Le mérite de ce triomphe inattendu revient en partie à l’entraineur français Hervé Renard qui en l’espace de six mois à su imprimer sa patte, son mental de gagneur aux pachydermes ivoiriens pour les transformer selon le mot de l’entraineur congolais Florent Ibenge du stade «d’équipe glamour en une équipe terriblement efficace ». Pour sûr, cette victoire obtenue de haute lutte à reconcilié le public ivoirien avec sa sélection enterrant définitivement le signe indien et le qualificatif péjoratif de génération maudite. Vivement que cette consécration africaine soit le premier acte de l’émergence ivoirienne promise par les pouvoirs publics à l’horizon 2020.


Nigeria : la montée de Boko Haram ou l’incurie de la classe dirigeante

bokoharamRévoltante est l’image que donne à voir la première puissance économique du continent africain face à la folie meurtrière de Boko Haram. Une gestion calamiteuse de la situation sécuritaire de l’enlèvement des jeunes filles de Chibok (jusque-là introuvables) au dernier massacre de Baga (dont les chiffres dépasseraient 2 000 morts). Et n’oublions pas les assauts répétés sur la ville stratégique de Maiduguri.

La tragédie nigériane semble échapper à toute grille de lecture tant par l’incurie de l’élite dirigeante par l’énormité des massacres commis. Contrairement à l’attitude du chef de l’Etat français lors des attentats de Paris, Goodluck Jonathan brille par son attentisme. . Tout porte à croire que la seule obsession qui anime le président nigérian est de se maintenir au pouvoir en jouant la carte du pourrissement dans le nord du pays.

Comment vouloir rempiler pour un second mandat quand on est incapable d’assurer la sécurité de ses concitoyens ? Tristes tropiques, hélas, l’Afrique est encore malade d’une bonne partie de sa classe dirigeante qui estime à tort que le pouvoir est une immense mangeoire où l’on se sert au lieu de servir le peuple.


EXPLOSION DU PHENOMENE DES GROSSESSES EN MILIEU SCOLAIRE : « LE NOUVEAU EBOLA DU SYSTÈME ÉDUCATIF IVOIRIEN! »

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Elle semble bien loin, l’image de l’école ivoirienne perçue comme une institution puritaine ou rigoriste c’est–à-dire très pointilleuse en matière de mœurs. Sa tradition de milieu éducogène laisse place progressivement à un milieu pathogène, un milieu malade de l’incivisme de ses apprenants, de ses grèves à répétition et aujourd’hui gangréné par l’explosion des grossesses. Le constat est sans appel, 5076 cas de grossesses enregistrés par le ministère de l’éducation nationale pour la seule année académique passée (bien entendu ce chiffre est sous-évalué, il ne prend pas en compte les nombreux cas non déclarés à l’administration et les cas de grossesse qui se terminent  très souvent par des avortements). Les choses ne semblent pas s’annoncer malheureusement  sous de meilleurs auspices pour cette année scolaire 2015, tenez, pour le petit collège municipal de Botro (au centre du pays) on dénombre déjà 11 cas de grossesses au premier trimestre dont 5 en 6ème. Comble de l’ignominie, la gangrène s’étend jusqu’au primaire, on a encore à l’ esprit ce procès très récent et retentissant du directeur d’une école primaire condamné à une lourde peine de prison pour avoir abusé d’une de ses élèves poussant l’indignité jusqu’à l’engrosser. En un mot comme en mille, les grossesses en milieu scolaire, plus qu’un simple phénomène, font figures  aujourd’hui de véritable fléau tant et si bien que le ministre de l’éducation a décrété comme priorité la lutte contre les grossesses en milieu scolaire et a initié dans la foulée une campagne de sensibilisation intitulée zéro grossesse en milieu scolaire déclinée en modules de cours obligatoires portant sur les causes et les conséquences de ce qu’il est convenu d’appeler le nouveau ébola du système éducatif ivoirien ( référence faite à la vitesse de propagation et à l’ampleur de la fièvre hémorragique à virus ebola) . Pas si sûr que ces campagnes puissent porter leurs fruits, si on n’attaque pas le mal à la racine  en revenant à la bonne et vieille formule des internats qui ont l’avantage de mettre les élèves généralement livrés à eux-mêmes et sans ressources matérielles surtout à l’intérieur du pays à l’abri des sollicitations des prédateurs sexuels et en renforçant l’arsenal juridique réprimant  cette pratique abominable. L’émergence est aussi à ce prix car l’école au delà des aptitudes c’est aussi et surtout des attitudes.


Quand le président Macky Sall fait de la résistance

macky_sallIls ne sont pas nombreux les chefs d’Etat africains à ne pas s’aligner sur les vues des grandes puissances occidentales, encore moins nombreux à signifier de vive voix leurs différences d’opinions. Hormis les présidents Robert Mugabe et Paul Kagame, coutumiers des coups de gueule, voire des coups de griffe.

La classe gouvernante africaine en général semble se résoudre à être à la remorque de l’Occident en matière de prises de position sur la scène internationale. Cependant dans la grisaille, une voix discordante se fait entendre, en l’occurrence celle du président Macky Sall après les attentats de Paris. Bien qu’ayant participé à la marche républicaine pour marquer sa solidarité au peuple français, il n’a pas manqué d’interdire non sans témérité la parution du journal Charlie Hebdo reprenant les caricatures du prophète au nom de la sensibilité religieuse du peuple sénégalais à plus de 95 % musulmane.

D’ailleurs, il n’est pas à son premier coup d’essai, car déjà en 2012 lors de la tournée africaine du président américain Barack Obama durant précisément l’étape du Sénégal, le président Macky Sall n’avait pas hésité à opposer un refus catégorique à la légalisation de l’homosexualité que le président le plus puissant de la planète avait plaidé au nom de la liberté. Certes il n’y aura pas de chasse aux homosexuels, mais il y a que la réalité sociologique sénégalaise n’épouse pas pour le moment cette pratique.

L’Afrique doit-elle continuellement s’emmurer dans un silence assourdissant concernant sa propre marche ou celle du monde et suivre docilement l’Occident dans cette mondialisation qui tourne à l’occidentalisation croissante ? Assurément que non ! Assumer la singularité de certaines de nos réalités sociologiques, tel est le devoir de nos chefs d’Etat à l’échelle internationale, comme le relève avec justesse l’historien Joseph Ki- Zerbo « Nous devons être enfin le centre de nous-mêmes plutôt que la périphérie des autres ».


COOPERATION SUD-SUD : « L’AFRIQUE DOIT FAIRE CONFIANCE A L’AFRIQUE »

ecole_ivoirienneLa formule est lâchée, elle est du souverain marocain Mohammed VI qui se pose aujourd’hui en véritable promoteur des relations intra-africaines. Naguère, le regard tourné vers les pays du bassin méditerranéen et de l’occident en général, le royaume chérifien a réalisé assez rapidement que l’Afrique et en particulier l’Afrique subsaharienne constitue une terre d’opportunités extraordinaires ou presque tout reste à faire. Le roi du Maroc en homme revenu du mirage occidental se rend compte à l’évidence que plus besoin d’aller chercher des relais de croissance uniquement sur le vieux continent (l’Europe) d’ailleurs aux prises avec les cures d’austérité mais qu’il faut plutôt accorder une place de choix au continent africain que les économistes considèrent comme la dernière frontière du développement. Au delà des mots, le souverain chérifien prêche par les actes, deux périples subsahariens en moins de deux ans accompagné d’une très forte délégation de près de deux cents personnes (ministres, hommes d’affaires, médecins, ingénieurs…) avec à la clé plus d’une centaine d’accords bilatéraux. Là, ou l’Europe se barricade en optant pour la préférence nationale, le royaume chérifien régularise 25.000 subsahariens d’un coup. Une véritable prouesse et un signe des temps qui interpellent. En tout état de cause, les créneaux porteurs ne manquent pas de parts et d’autres à l’échelle du continent et le Maroc compte en profiter. Fort de son expertise avérée en matière de formation militaire, d’agriculture, d’hôtellerie, d’habitats sociaux, de banques, de télécommunications, ingénierie, d’offres universitaires et que sais-je encore, le Maroc se positionne de plus en plus comme un hub continental quitte à froisser au passage certains pays européens qui ont vite fait de l’assimiler à tort à l’image réductrice « d’une simple maîtresse » du continent.


ECOLE IVOIRIENNE : GAGNOA « QUAND LES PRATIQUES AFFAIRISTES DANS LES ETABLISSEMENTS PUBLICS TOURNENT A LA FOIRE D’EMPOIGNE ! »

ecole_ivoirienneOn ne le dira jamais assez, l’école ivoirienne semble avoir toutes les difficultés du monde à opérer sa mue, à se débarrasser des vieilles pratiques affairistes et prédatrices qui gangrènent sa bonne marche. Loin des discours officiels et convenus, la ville de Gagnoa tient son rang de ville singulière en matière de mœurs scolaires. Outre le règne de l’apprenant-roi qui y à cours, des pratiques affairistes ou d’escroquerie déguisée y prospèrent, pire, tournent souvent à de véritables bras de fer ou à des foires d’empoigne entre certains chefs d’établissements (accusés de vouloir manger à tous les râteliers) et le personnel enseignant d’éducation physique et sportive qui se disputent tous le gâteau financier lié à la confection et à la vente des tee-shirts scolaires. En effet, une règle tacite jamais remise en cause jusqu’à cette année scolaire 2014-2015 laissait le soin aux professeurs d’éducation physique et sportive de confectionner et de vendre les tricots revêtus par leurs apprenants  durant les séances de sport  empochant au passage de larges commissions. Sauf que les chefs d’établissements ne l’entendent plus de cette oreille et décident de reprendre à leur compte cette activité combien juteuse non sans évoquer la colère et la défiance des enseignants d’éducation sportive, laquelle défiance a culminée jusqu’à la non évaluation de l’ensemble des apprenants des trois lycées publics de Gagnoa durant le premier trimestre. Une faute professionnelle, une faute morale éminemment grave qui pourrait attirer les foudres du ministère sur les enseignants incriminés, alors les professeurs d’éducation essaient de faire bonne figure en arguant le manque de matériel sportif mais personne n’est dupe. Ainsi va l’école à Gagnoa avec son cortège de manquements, avec son propre code de conduite, une sorte d’Etat dans l’Etat.Toute chose qui lui vaut malheureusement d’être dans les profondeurs du classement des directions régionales opéré par le ministère de l’éducation nationale.

 

 

 

 

 

 

 

 

RELATIONS INTERNATIONALES : QUAND LE PRESIDENT MACKY SALL FAIT DE LA RESISTANCE !

Ils ne sont pas nombreux les chefs d’Etat africains à ne pas s’aligner sur les vues des grandes puissances occidentales, encore moins nombreux à signifier de vive voix leurs différences d’opinions. Hormis les présidents Robert Mugabé et Paul Kagamé, coutumiers des coups de gueules voire des coups de griffes, la classe gouvernante africaine en général semble se résoudre à etre à la remorque de l’occident en matière de prises de positions sur la scène internationale. Cependant dans la grisaille, une voix discordante se fait entendre, en l’occurrence celle du président Macky Sall relativement aux attentats de Paris. Bien qu’ayant participé à la marche républicaine pour marquer sa solidarité au peuple francais, il n’a pas manqué d’interdire non sans témérité la parution du journal charlie hebdo reprenant les caricatures du prophète au nom de la sensibilité religieuse du peuple sénégalais à plus de 95% musulmane. D’ailleurs, il n’est pas à son premier coup d’essai, car dejà en 2012 lors de la tournée africaine du président américain Barack Obama durant précisement l’étape du Sénégal, le président Macky Sall n’avait pas hésité à opposer un refus catégorique à la légalisation de l’homosexualité que le président le plus puissant de la planète avait plaidé au nom de la liberté. Certes il n’y aura pas de chasse aux homosexuels mais il y a que la réalité sociologique sénégalaise n’épouse pas pour le moment cette pratique. L’afrique doit-elle continuellement s’emmurer dans un silence assourdissant concernant sa propre marche ou celle du monde et suivre docilement l’occident dans cette mondialisation qui tourne à l’occidentalisation croissante ? Assurément que non ! assumer la singularité de certaines de nos réalités sociologiques, tel est le devoir de nos chefs d’Etat à l’échelle internationale, comme le relève avec justesse l’historien Joseph Ki- Zerbo « Nous devons être enfin le centre de nous-mêmes plutôt que la périphérie des autres ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COOPERATION SUD-SUD : « L’AFRIQUE DOIT FAIRE CONFIANCE A L’AFRIQUE »

La formule est lâchée, elle est du souvérain marocain Mohammed VI qui se pose aujourd’hui en véritable promoteur des relations intra-africaines. Naguère, le regard touné vers les pays du bassin méditérranéen et de l’occident en général, le royaume chérifien a réalisé assez rapidement que l’Afrique et en particulier l’Afrique subsaharienne constitue une terre d’opportunités extraordinaires ou presque tout reste à faire. Le roi du Maroc en homme revenu du mirage occidental se rend compte à l’évidence que plus besoin d’aller chercher des relais de croissance uniquement sur le vieux continent (l’Europe) d’ailleurs aux prises avec les cures d’austérité mais qu’il faut plutôt accorder une place de choix au continent africain que les économistes considèrent comme la dernière frontière du développement. Au délà des mots, le souvérain chérifien prêche par les actes, deux périples subsahariens en moins de deux ans accompagné d’une très forte délégation de près de deux cents personnes (ministres, hommes d’affaires, médecins, ingénieurs…) avec à la clé plus d’une centaine d’accords bilatéraux. Là, ou l’Europe se barricade en optant pour la préférence nationale, le royaume chérifien régularise 25.000 subsahariens d’un coup. Une véritable prouesse et un signe des temps qui interpellent. En tout état de cause, les créneaux porteurs ne manquent pas de parts et d’autres à l’échelle du continent et le Maroc compte en profiter. Fort de son expertise avérée en matière de formation militaire, d’agriculture, d’hôtellerie, d’habitats sociaux, de banques, de télécommunications, d’ingiénerie, d’offres universitaires et que sais-je encore, le Maroc se positionne de plus en plus comme un hub continental quitte à froisser au passage certains pays européens qui ont vite fait de l’assimiler à tort à l’image reductrice « d’une simple maitresse » du continent.