Seydou KONE

CALENDRIER SCOLAIRE IVOIRIEN : QUAND LES ÉLЀVES FONT LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS !

C’est de notoriété publique, l’école ivoirienne est profondément malade, malade de l’incivisme de ses apprenants,  du manque de matériels didactiques, de l’insuffisance du personnel enseignant…. A ce sombre tableau, s’ajoute aujourd’hui une pratique qui fleurit de plus en plus à l’approche de chaque congé scolaire, en l’occurrence les « congés anticipés’’. En effet, les apprenants ivoiriens s’accordent une rallonge indue de plusieurs jours de congé, voire plusieurs semaines, en complète violation du calendrier officiel. Pour le coup, à la faveur des congés de noël prévus pour le 21 décembre2017, ces apprenants d’un nouveau genre ont décidé de débrayer depuis le 10 décembre, soit 11 jours avant la date officielle des congés du nouvel an et pire, ont décidé selon les indiscrétions qui nous reviennent de reprendre les cours le 8 janvier 2018, soit une semaine après la date officielle. Une perte sèche incompréhensible de trois semaines de cours,  quand on sait que la Cote d’Ivoire possède l’un des quantums horaires(le volume total d’heures dispensées sur l’année) les plus faibles d’Afrique de l’ouest, soit à peine 990 heures de cours, on est en droit de se demander : à quoi peut-on raisonnablement s’attendre en termes de qualité du système éducatif ?

Pas grand-chose ! D’autant plus qu’à ces déperditions d’heures vont s’ajouter celles des congés de février, de Pâques et que sais-je encore. Le phénomène est si  ancré dans les mœurs scolaires qu’il a pris une tonalité nationale, du sud à l’est en passant par le centre, le nord et l’ouest, les apprenants font et défont le calendrier scolaire allègrement, au gré de leurs caprices du moment dans une impunité totale. Une situation qui agace et interpelle à plus d’un titre sur ce qu’il est convenu d’appeler « le phénomène de l’apprenant-roi ».

-UNE ÉCOLE IVOIRIENNE Á L’IMAGE DE LA SOCIÉTÉ IVOIRIENNE

C’est une évidence fondamentale, l’école n’est rien d’autre que le microcosme du macrocosme social, un fidèle miroir  de la société ivoirienne,  aujourd’hui gangrenée par une crise morale sans précédent. En effet, l’incivisme, la culture de la violence, la défiance vis-à-vis de l’autorité, la perte du sens de l’intérêt général… ont incrusté toutes les strates de notre société, non sans enlaidir naturellement l’école. J’ai encore en mémoire ce triste mois de juin 2016 ou l’établissement dans lequel j’officie( le lycée moderne3 de Gagnoa) a subi la furie destructrice de nos apprenants, rien n’a échappé au saccage en règle de notre établissement, de la salle des professeurs aux bureaux administratifs, en passant par le véhicule du proviseur, même les policiers présents sur les lieux n’ont eu la vie sauve que grâce à la célérité de leurs jambes. Comment des élèves peuvent en venir à de telles extrémités ? Avec du recul, force est de constater que les adultes ne font pas mieux, la violence et l’incivisme se banalisent tant et si bien qu’au moindre conflit avec l’autorité, on n’hésite pas à saccager des postes de police comme le mois dernier ou des chauffeurs  de taxi de la ville de Gagnoa ont mis à sac un commissariat pour réclamer la libération d’un des leurs.  Il faut se l’avouer aujourd’hui tous les conflits sociaux quasiment sous les latitudes ivoiriennes se règlent à coups de violences, de surenchère et d’intimidations. Et c’est peu que de le dire ! Comment nos apprenants pourraient-ils rester en marge de cette banalisation de l’incivisme et de la violence ? Aussi faut-il en appeler à un véritable réarmement moral.

-L’URGENCE D’UN RÉARMEMENT MORAL

Aux grands maux les grands remèdes. Au-delà des sanctions que le ministère doit prendre pour mettre fin à l’impunité assourdissante qui entoure ce phénomène des congés anticipés, il faut en venir à une véritable reconversion des mentalités, un réarmement moral dans le sens « d’un ivoirien nouveau », attaché à la chose publique, au civisme, à la non violence et au vivre ensemble. C’est seulement à ce prix qu’on pourra conjurer cette pratique préjudiciable à la bonne marche de l’école ivoirienne et partant redonner à la société ivoirienne la stabilité d’antan.


« CHAMPIONNE DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE…TERREAU DE LA MISЀRE SOCIALE ! »

L’Afrique de l’ouest, comparativement aux autres régions du monde connaît une embellie économique sans précédent. Créditée d’un taux de croissance économique de 6%  par la banque mondiale, la zone ouest-africaine détone par sa bonne santé macro-économique, de quoi faire pâlir d’envie de nombreux États, dont les puissances européennes à la croissance en berne, voire atone. Cependant, ce tableau économique flatteur, cet agrégat de chiffres macro-économiques  semble être l’arbre qui cache la forêt des difficultés existentielles qui assaillent les masses populaires au quotidien.

Aux premières loges de ces pays ouest-africains à forte croissance économique figure incontestablement la Côte  d’Ivoire, avec ses 9% de croissance annuelle depuis 2013. Et pourtant, la précarité sociale n’a jamais été aussi forte sous les latitudes ivoiriennes. Hormis l’élite dirigeante et la classe de nouveaux riches qu’elle a suscitée, le petit peuple se meurt, incapable qu’il est d’assurer ses besoins les plus basiques. Entre cherté de la vie, inflation galopante et chômage de masse, le citoyen lambda ne sait plus à quel saint se vouer tant il est vrai que la conjoncture sociale est de plus en plus insupportable. Pour preuve, les nombreux remous sociaux(les grèves à répétition et les mutineries) qui agitent le front social, et surtout l’exode important des ivoiriens sur le chemin de l’immigration clandestine que le politologue camerounais Achille M’Bembe qualifie à bon droit « d’immigration du désespoir ». Dans un passé récent, les ivoiriens n’avaient pas cette inclination à s’expatrier, surtout pas par le chemin combien difficile voire périlleux de l’immigration clandestine vers l’Europe. Les choses ont bien changé, signe des temps, des milliers de jeunes ivoiriens sont de plus en plus candidats à ce voyage périlleux, au point d’être aujourd’hui le gros de la troupe de la zone ouest-africaine selon les derniers chiffres de l’organisation internationale de la migration. Les ivoiriens de plus en plus n’hésitent plus à franchir le pas, au mépris de leur vie, réduits qu’ils sont à un manque de perspectives sociales. Une absence de ressenti social en termes d’amélioration substantielle des conditions existentielles qui  accrédite la thèse de l’économiste ghanéen George Ayiteh qui parle « de croissance sans développement » ou encore cette charge virulente de l’opposant ivoirien Pascal Affi N’Guessan, qui ironise en dénonçant ces ‘’performances macroéconomiques’’ de : « croissances appauvrissantes ».

C’est un paradoxe bien ivoirien que dis-je ouest africain que d’afficher des taux de croissance records et d’avoir une population qui végète dans une misère criante. Malheureusement, c’est une tendance lourde à l’échelle de la zone ouest-africaine. Du Burkina-Faso, en passant par le Niger, le Benin, le Togo, le Sénégal, le Ghana….les récriminations sont les mêmes. Les performances macro-économiques n’ont pas un réel impact social sur le vécu des populations. La croissance économique, loin d’être inclusive semble réserver ses fruits à une certaine élite : le cercle très fermé de la classe dirigeante et de leurs proches. Il faut bien se l’avouer, l’actuelle classe dirigeante ouest africaine a déçu à bien des égards en matière d’attentes sociales. Réputés pour être des technocrates de haut vol et porteurs d’immenses espoirs sociaux, nos chefs d’État à l’épreuve du pouvoir se sont révélés fort décevants, du moins en ce qui concerne les acquis sociaux. De l’ivoirien Alassane Ouattara, au malien Ibrahim Boubacar Kéita, en passant par le sénégalais Macky Sall ou encore le béninois  Patrice Talon pour ne citer que ceux là, ils brillent par leur absence de résultats sociaux. C’est peu que de le dire, les fruits n’ont pas véritablement tenu la promesse des fleurs.

Plus que jamais, il importe que  la forte croissance économique enregistrée dans nos États ait un effet d’entraînement  sur l’ensemble de la société, dans le sens d’une meilleure inclusivité ou d’un partage équitable de ses fruits. D’ici là, pour les masses sociales, la même boutade fleurit sous toutes les langues : « on ne mange pas la croissance ! »


Latitudes ivoiriennes : le règne de l’élève-roi se poursuit !

Malheureusement, les années passent et se ressemblent  en matière de mœurs scolaires  ivoiriennes. En dépit du changement de régime et de la volonté de renouveau affiché par les tenants du pouvoir, les élèves  semblent faire la pluie et le beau temps. Entre bravades, diktats, insouciance et violence à l’occasion, ils font et défont allègrement  le calendrier des congés scolaires au gré de leurs caprices du moment. Ainsi ces congés de Noël n’ont pas dérogé à la règle, les élèves ont débraillé plus tôt que prévu. Initialement arrêtés pour le 21 décembre, les élèves ivoiriens se sont mis en congés anticipés depuis ce 12 décembre. Soit une rallonge indue d’environ 10 jours que dis-je 14 jours puisqu’ils décident  de reprendre plus tard que prévu les cours, soit le 9 janvier au lieu du 5 conformément au calendrier officiel des congés scolaires. Loin d’être confinés à certaines localités, ces troubles scolaires s’étendent à l’échelle nationale comme si ces élèves d’un nouveau genre s’étaient donnés le mot pour paralyser le système éducatif ivoirien, non sans débordements, violences qui ont conduit à des blessés et à des morts comme à Gagnoa.  Quand on sait la faiblesse du quantum horaire ivoirien, à peine 900 heures de cours sur toute l’année scolaire  (comparativement  à celui de la sous-région qui dépasse les 1000 heures) à laquelle viennent se greffer ces perturbations impromptues  et prolongées, on comprend en partie la médiocrité des résultats scolaires ivoiriens. Simplement surréaliste et hallucinant que de voir ces pratiques d’incivisme scolaire se banaliser et prospérer sous nos latitudes. Cette situation de défiance n’est pas sans rappeler un passé noir récent, celui de la FESCI (fédération estudiantine et scolaire de Cote d’Ivoire) qui avait instauré une véritable culture de l’intimidation et de la violence (viols, rackets, assassinats) aussi bien en milieu scolaire que social en général. Sa dissolution récente par les pouvoirs publics ivoiriens n’a visiblement  pas conjuré ce règne de l’apprenant-roi.

Cependant, pas besoin de regarder bien loin  pour identifier les causes de cette attitude de mépris et de bravade à l’égard des règles établies par les apprenants ivoiriens. C’est bien connu, l’école n’est rien d’autre que l’émanation et le reflet de la société. C’est un euphémisme que de dire que l’incivisme est la chose la plus partagée aujourd’hui à l’échelle de la société ivoirienne. Entre dégradation des biens publics, détournement  des deniers publics, non respect du code de la route, incivisme fiscal, environnemental et que sais-je encore, le constat de l’incivisme s’impose avec la force de l’évidence. Alors, rien de plus étonnant que cela déteigne sur le microcosme social qu’est l’école. Aussi faut-il dénoncer cette relation de fusion-confusion aujourd’hui entre apprenants et nombre d’enseignants (copinage, promiscuité, familiarité indiscrète) qui entachent le respect qui entourait le corps enseignant et par delà l’école.

Vivement que tous les acteurs du système éducatif se penchent sur cette triste réalité pour la conjurer, à commencer par le ministère de tutelle qui pour l’instant s’accommode d’un silence assourdissant.  Il y va de la qualité de la formation de la jeunesse et in fine de l’avenir du pays.


Et si Trump était une chance pour l’Afrique ?

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Au-delà du concert de protestations et d’indignation qui accompagnent  l’arrivée du 45ième  locataire de la maison blanche, en l’occurrence le désormais président Donald Trump, il faut reconnaître que toute situation fut-elle tragique (comme on pourrait le penser avec l’arrivée de Trump au bureau ovale) comporte une fenêtre d’opportunités ou de possibilités qu’il faut savoir exploiter. Il faut bien se l’avouer, Donald Trump n’a pas un tropisme africain et c’est peu que de le dire. Quand on sait que durant la campagne électorale, dans un de ses meetings enflammés, dans un humour noir, il traitait les africains noirs de paresseux, qui ne songent qu’à manger, à boire et à faire l’amour. Voila au moins qui a le mérite d’être clair.  L’Afrique ne devra compter que sur ses propres forces pour asseoir son développement. Ce nouveau changement de locataire à la maison blanche à l’avantage de ne pas faire nourrir de vains espoirs au continent  africain, qui à tort avait prêté des ambitions africanistes à Barack Obama, ce descendant d’immigré kenyan, véritable incarnation du rêve américain et pourquoi pas du rêve de renaissance africaine ?

Hélas, huit années passées après ce formidable enthousiasme des peuples africains qui a accompagné l’arrivée du premier président afro-américain sur le toit du monde, on serait tenté de dire tout  ça  pour ça. On fait vite d’oublier que Barack Obama a été élu par le peuple américain pour résoudre prioritairement les problèmes des américains. Il est avant tout un citoyen américain que dis-je un patriote américain, soucieux de d’entretenir la grandeur des Etats-Unis. Pas plus que Barack Obama ne peut être la planche de salut du continent africain, pas moins que la présidence de Donald Trump ne serait être quelque chose de fondamentalement dramatique pour l’Afrique. Les Etats-Unis ne peuvent pas soulager  ou abriter outre mesure la misère du monde en général et celle de l’Afrique en particulier. Du reste, l’Afrique n’a pas à attendre que son salut vienne de l’extérieur, fut-ce de la première puissance mondiale, elle-même aux prises avec ses propres difficultés.  Comme le faisait remarquer avec raison l’ex-président américain John Kennedy «  ne nous demandons pas ce que l’Amérique peut faire pour nous, mais ce que chacun de nous peut faire pour favoriser son propre bonheur ». Et si une bonne fois pour toutes, l’arrivée de Trump marquait le réveil du continent africain quant à la prise en main effective de son destin ? Et si l’élection de Donald Trump servait d’électrochoc ou de piqûre  de rappel  au continent africain ?

On sait le personnage isolationniste, outrancier et négrophobe, raison de plus pour que l’Afrique se résolve définitivement à sortir de ces rapports empreints de vassalité, de paternalisme et de misérabilisme qu’elle entretient avec les « grands » de ce monde. En tout état de cause, le développement de l’Afrique est appelé à être  selon le mot de l’historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo, «  autocentré, autopropulsé ou endogène ». Le roi du Maroc Mohamed 6 semble avoir pris en particulier la mesure de la  nécessité de promouvoir la coopération sud-sud, d’où sa très belle formule « l’Afrique doit apprendre à faire confiance à l’Afrique ». Il fait figure  de véritable chantre de la coopération intra-africaine ayant réalisé très tôt  que l’Afrique  recèle de nombreux relais de croissance au point d’être aujourd’hui la dernière frontière du développement.


Les oubliés de la croissance ivoirienne !

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que les qualitatifs (voire les superlatifs) ne manquent pas au sujet de la croissance économique ivoirienne. Les chiffres sont flatteurs, la croissance ivoirienne ferait pâlir d’envie bien de pays occidentaux à la croissance en berne pour ne pas dire atone. Crédité d’un taux de croissance à quasiment deux chiffres (neuf pour cent) par les institutions de Brettons Wood, le pays d’Houphouët Boigny fait figure de véritable hub économique dans une sous-région aux performances économiques relativement modestes. Sauf que cette bonne santé macro-économique semble être l’arbre qui cache la forêt des nombreuses difficultés qui assaillent les masses populaires. Il faut bien concéder aux autorités actuelles une politique infrastructurelle volontariste et une certaine orthodoxie financière. Mais cela ne se traduit pas dans l’assiette de l’ivoirien lambda, qui semble se dégarnir jour après jour. C’est comme si l’on constatait deux mouvements inverses.
Le panier de la ménagère, que dis –je, le sachet de la ménagère se réduit comme peau de chagrin dans un fort contexte de chômage et de précarité ambiante. Tout porte à croire que le partage des fruits induits par la croissance économique ne soit pas une réalité tangible pour nombre d’ivoiriens, tant et si bien que les critiques se font de plus en plus virulentes à l’égard de l’élite dirigeante actuelle. A ce titre, la boutade de Kouadio Konan Bertin est édifiante (KKB, ex- frondeur du PDCI, passé aujourd’hui du côté de l’opposition). KKB a déclaré  : « sous Houphouët Boigny, avec une croissance de trois pour cent, les ivoiriens arrivaient à avoir leurs trois repas quotidiens. Comment se fait- il qu’aujourd’hui, avec une croissance de près de deux chiffres, avoir ne serait-ce que deux repas journaliers relève de la croix et la bannière pour de nombreuses familles ? ». Il faut se l’avouer, les nombreux espoirs qu’avait suscité l’arrivée du président Ouattara ont été déçus, du moins en ce qui concernent les mesures sociales.

– La désillusion des masses sociales

Economiste chevronné, ayant fait ses classes comme gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et plus tard comme directeur adjoint du Fond monétaire international (FMI), le président Ouattara a incarné pendant longtemps au sein de l’opposition les espoirs sociaux des masses laborieuses ivoiriennes. Sauf qu’à l’épreuve du pouvoir, le petit peuple commence à déchanter. Le « système D » (celui de la débrouillardise) semble être la chose la mieux partagée aujourd’hui par l’ivoirien lambda. Les loyers d’habitation s’envolent et le prix des denrées de première nécessité ont également pris l’ascenseur. Ne me parlez même pas des soins de santé ! En plus d’être de piètre qualité, ils sont inaccessibles pour une grande partie de la population abonnée aux médicaments de rue et à la pharmacopée traditionnelle. L’éducation n’est pas logée à meilleure enseigne, la promesse de l’école gratuite a vite fait de tourner à  l’enfumage. A l’université, les frais d’inscription ont été multipliés par dix ou par quinze (passant de 6000 FCFA à 30.000, 60.000 et 100.000 CFA selon qu’on soit respectivement en année de licence, master et doctorat), pourtant chacun sait que les seuls qui s’y trouvent sont les enfants des couches sociales défavorisées.
Le coût du transport pose également problème. En dépit de l’effondrement du prix du baril du pétrole, la baisse du prix de l’essence à la pompe n’a pas connu d’inflexion. Il est pourtant bien connu que dans la fixation du prix des marchandises, la variable du coût du transport est essentielle. Paradoxe typiquement ivoirien. Les opérateurs de ce secteur ne semblent pas connaitre l’expression  « diminution tarifaire » et cela, accompagné d’un silence assourdissant des pouvoirs publics.
La situation sociale en terre ivoirienne est donc loin d’être reluisante, les populations dans leur grande majorité traversent une période de vache maigre voire de vache morte. On peut malheureusement dire, sans risque de se tromper, que la situation sociale ivoirienne fait écho à celle qui est vécue par les populations ouest-africaines en général, et ce, malgré l’arrivée au pouvoir de nouvelles élites dirigeantes.

– Un échec généralisé de la nouvelle élite dirigeante ouest-africaine

Que d’espoirs fondés sur ces nouveaux présidents de l’Afrique de l’ouest ! Parvenus au pouvoir dans des conditions plus ou moins démocratiques, ils symbolisent cette race de nouveaux dirigeants africains, décomplexés et technocrates. Du président ivoirien Ouattara au malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) en passant par le sénégalais Macky Sall, par le nigérien  Mamadou Issoufou, et par le ghanéen  John  Dramani  ou encore par le béninois Yahi Boni (aujourd’hui sur le départ)… tous ont surfé sur la promesse ferme de changer le quotidien de leurs compatriotes. Certains ont même poussé l’audace jusqu’à promettre de réussir ce tour de force en cent jours ! Sauf que la dure réalité du pouvoir semble les avoir rattrapés. Aussi longtemps que nos chefs d’Etats s’enfermeront dans cette politique du chiffre, sans chercher à répercuter la croissance économique dans notre vécu quotidien, en la rendant ainsi inclusive et partagée, les récriminations iront grandissantes, avec à la clé cette boutade « on ne mange pas la croissance ! ».

 

 


PATRICE TALON : L’HOMME DE LA RUPTURE ?

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Désormais à l’épreuve du pouvoir, après avoir réussi le tour de force de battre l’ex-premier ministre Lionel Zinsou  (qui avait pour lui l’appareil d’Etat et le soutien du principal parti d’opposition), Patrice Talon personnifie plus que jamais les nombreuses attentes sociales de la population béninoise à forte majorité déshéritée. Il faut se l’avouer, les deux mandats du président sortant Yayi Boni ont été relativement décevants,  du moins en ce qui concerne les acquis sociaux. Au-delà de la relative embellie  macro-économique (un taux de croissance de 5%), les scandales de corruption, le clientélisme et surtout l’incapacité des pouvoirs publics à tirer les masses sociales des griffes de la pauvreté ont alimenté à juste titre un ressentiment  des masses laborieuses à l’égard de l’élite dirigeante. Du reste, l’élection présidentielle qui a tourné à un référendum pour ou contre la continuité du système Yayi Boni et le vote sanction  des électeurs béninois ont confirmé  le désaveu généralisé des populations. Patrice Talon saurait-il être l’homme du renouveau ? Ce personnage providentiel capable de sortir le Bénin des profondeurs du sous –développement ? Rien n’est moins sur ! Sans vouloir préjuger de l’issue du mandat du président entrant, les mœurs politiques actuelles nous enseignent que sous certaines latitudes, les fruits ne tiennent pas toujours la promesse des fleurs. Du président Hollande, à Yayi Boni, en passant par Macky Sall, Ibrahim Boubacar Keita ou Allassane Ouattara, le constat de la désillusion d’une large partie de leur peuple respectif s’impose avec la force de l’évidence. On serait tenté de dire tout ça pour ça ! Tous portés par une large caution populaire voire un plébiscite au pouvoir sauf que  les attentes sociales liées aux présidents sus –mentionnés ont été en grande partie déçues. Cependant, n’allons pas vite en besogne, les intentions affichées par le nouveau tenant du pouvoir béninois sont aussi autant de motifs d’espoirs. De sa volonté de ne faire qu’un seul mandat ( ce qui serait historique)  à la promesse de moralisation de la vie publique en passant par la mise en place d’un gouvernement de combat et non de remerciements, le nouveau président Patrice Talon veut imprimer ses marques. Les marques d’une nouvelle gouvernance au service du peuple ou le citoyen lambda verra enfin ses conditions existentielles changer qualitativement. Espérons tout simplement que ce catalogue de belles  promesses ne tournent pas une fois de plus à l’enfumage ?


Grand-Bassam : la Côte d’Ivoire à l’épreuve du terrorisme

On savait la menace imminente. Après les attaques de l’hôtel Radisson au Mali, du Splendide hôtel au Burkina-Faso et les menaces proférées par certaines mouvances terroristes contre Abidjan, la Côte d’Ivoire était devenue une cible quasi-naturelle dans la sous-région, désormais gangrenée par le cancer du terrorisme.

Naguère regardée de loin et de haut comme une menace intrinsèquement liée aux pays arabo-musulmans, puis à l’occident et progressivement à la bande sahélo-sahélienne, le terrorisme islamiste semble plus que jamais être dans une phase d’externalisation vers les pays du littoral, avec pour point de mire les deux vitrines de la sous-région que sont la Cote d’Ivoire et le Sénégal. Trois jours après ces attaques inédites, le pays de Félix Houphouët Boigny ploie toujours sous le poids du choc. Entre consternation, incompréhension et révolte, la rue ivoirienne réalise désormais qu’il va falloir dorénavant compter avec cette nouvelle menace transfrontalière.

Si aujourd’hui tous les pays de la sous – région sont a priori concernés par la menace djihadiste, certains pays le sont plus que d’autres. La Côte d’Ivoire fait assurément partie des cibles de prédilection tant par la forte présence de ressortissants occidentaux, notamment français, que par l’engagement du 43ième BIMA (base militaire française) située à Abidjan et active dans l’opération Barkhane (opération menée par l’armée française qui vise à lutter contre les groupes armés djihadistes salafistes dans toute la région du Sahel).

LA LOGIQUE DE LA DOUBLE PUNITION

La logique djihadiste est bien connue : s’en prendre à tout ce qui symbolise l’occident, à commencer par les occidentaux eux-mêmes. Réputé comme le cadre de villégiature par excellence dans les environs d’Abidjan, Grand Bassam attire du beau monde notamment les occidentaux, touristes ou expatriés. Tout ceci a très fortement pesé dans la décision funeste de s’attaquer à cette station balnéaire. De l’attaque de Bamako en passant par celle de Ouagadougou et aujourd’hui Grand Bassam, il s’agit de faire le maximum de morts dans les rangs de ceux qui sont assimilés, dans la surenchère islamiste, aux « impies ». Même si, au final, les principales victimes restent toujours la population locale. Au-delà de la cible occidentale, il s’agit aussi de punir la Côte d’Ivoire à travers la présence sur ses terres d’une base militaire française(le 43ieme BIMA) dédiée entièrement à soutenir aujourd’hui l’opération Barkhane dans sa lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-sahélienne. Il faut bien se l’avouer, face à cette menace nouvelle, les Etats africains semblent être particulièrement démunis.

L’INADAPTATION DE NOS FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE

L’incapacité de notre système sécuritaire à faire face à la gangrène du terrorisme islamique est une vérité qui s’impose avec la force de l’évidence. Fragilisés par la porosité de leurs frontières, les Etats africains font figure de véritables passoires, facilitant ainsi l’entrée et la sortie de potentiels terroristes avec armes et bagages. Le manque de formation des forces de sécurité, le manque de logistique et le manque de veille (en termes de renseignements) face à cette menace diffuse qui est devenue aujourd’hui une véritable guerre, crée une asymétrie qu’il nous faut absolument corriger.
La fusillade de Grand-Bassam  marque et marquera durablement nos comportements individuels et collectifs. Comme le relève avec raison le président malien, Ibrahim Boubacar Keita,  « l’époque de la douce tranquillité semble être révolue ».

 

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DEMISSION DE TAUBIRA : UN CAS D’ECOLE POUR LA CLASSE DIRIGEANTE AFRICAINE

C’est de notoriété publique, le terme démission ne fait quasiment pas partie du lexique de l’élite  dirigeante sous nos latitudes africaines. Et c’est peu que de le dire, en dépit des scandales avérés( actes de concussion et de corruption), de l’incompétence notoire de certains hauts commis de l’Etat ou de la survenance de certains drames qui engagent la responsabilité des départements ministériels concernés, le personnel dirigeant se refuse toujours à toute démission. Tout se passe comme si nos hommes politiques ont été taillés dans un bois différent, avec des tables de valeurs différentes qui occasionnent de tels écarts de comportement d’avec leurs homologues européens, américains ou  asiatiques. La récente démission du ministre français de la justice Christiane Taubira pour désaccord politique majeur  est édifiante, elle pourrait à bien des égards avoir force d’exemple sur un continent rongé par la confiscation du pouvoir ou par le manque de culture de la démission.  Peut-être faut-il se plonger dans la psychologie du pouvoir sous nos tropiques pour espérer comprendre les ressorts de ce paradoxe bien africain. En effet, le pouvoir est  assimilé en général à une immense mangeoire ou l’on se sert au lieu de servir le peuple. Une vision personnelle et patrimoniale des postes à responsabilité qui autorisent tous les reniements et toutes  les compromissions. Cela n’est pas sans rappeler  une histoire qui a cours dans les milieux populaires ivoiriens (avérée ou simplement alléguée) toujours est-il qu’elle est éminemment révélatrice de la vision prédatrice ou enrichissante de la fonction ministérielle. En effet, suite à une nomination ministérielle,  un  nouveau promu à reçu tout son cercle parental, amical et même régional (car sous nos latitudes, la promotion d’un cadre équivaut à la promotion de sa région) qui n’ont pas manqué de lui rappeler cette « vérité fondamentale », un ministère, ça sert rapidement à se remplit les poches, à accorder des prébendes à ses proches et à favoriser sa région. Aujourd’hui, c’est ton tour et par extension notre tour, alors dépêches-toi, on ne s’est pas de quoi demain sera fait (sous-entendu que la longévité à la tête d’un ministère est éphémère). Il n’est pas alors étonnant que l’enrichissement illicite, l’embourgeoisement ou la captation des richesses soit devenue un sport national au sommet de l’Etat. Tout porte à croire que pour   rien au monde, après la dure accession à un poste à responsabilité et notamment ministériel, nos hommes politique soient prêt à lâcher tous leurs avantages matériels et honorifiques d’autant moins pour  une question de «  simple principe ». Ah, si le reniement politique pouvait tuer, surement que la quasi-totalité de notre gotha politique serait passé de vie à trépas. En tout cas vu d’Afrique, la démission de Taubira force le respect et l’admiration car elle personnifie une certaine décence politique, une fidélité avec ses valeurs ou ses convictions politiques. Du reste, la formule est connue, mieux vaut mourir avec ses idées que survivre avec celles des autres, partir, c’est aussi résister…


AU SECOURS : MON ELEVE ME FAIT LA COUR…

marchandisation

C’est un secret de polichinelle, le constat de la prédation sexuelle à grande échelle s’impose aujourd’hui avec la force de l’évidence dans le milieu scolaire ivoirien. L’imagerie populaire assimile à bien des égards, le corps enseignant au vice, aux mœurs légères. Un corps volage ou les préoccupations du bas de la ceinture l’emportent largement  sur les devoirs d’éducation et de formation des apprenants à eux confiés par l’Etat de Cote d’Ivoire. Il y a lieu de préciser que cet écrit fait écho à un précédent  billet déjà publié,  qui faisait état de ce qu’ils ne sont pas nombreux ces proviseurs, censeurs, professeurs, éducateurs à ne pas manger de ce pain sexuel  immonde et immoral. Hélas, au-delà du concert de critiques qu’on pourrait adresser à ces prédateurs sexuels déguisés en acteurs du système éducatif ivoirien, il demeure que ces coureurs de gamines, à la braguette facile ne sont pas les seuls à être incriminés dans ce vaste phénomène de massification sexuelle. A ce titre, j’en ai fait l’amère expérience, en effet,  affecté en 2012 dans un lycée de la place à Gagnoa en qualité de professeur de philosophie, certaines classes m’avaient été confiées dont une terminale D ou j’avais été retenu comme professeur principal. Une tâche assez fastidieuse et laborieuse qui installe ledit  professeur dans un rôle  d’interface avec l’administration, de conseils et d’encadrement psycho – pédagogique des apprenants dont il a la charge en particulier. Toute chose qui a valu la mise à disposition de mon numéro de portable à l’endroit de l’ensemble des élèves, un geste aussi nourri  par  la perspective d’explication de certains sujets à l’approche de l’examen du baccalauréat. Les cours s’achevant  généralement un mois avant la tenue des examens à grands tirages. Mal m’en à pris, dans la foulée, une apprenante dont je tairais volontairement le nom s’est singulièrement distinguée par ses appels, au départ « innocents »,  qui par la suite se sont mués en messages d’amour et d’harcèlement. Malgré les mises en gardes, les tentatives de rappel à la raison, évoquant mon statut d’homme marié, rien n’y fit. Elle restait droite dans ses bottes dans sa noire volonté de relation sexuelle non sans finalement se faire connaitre par mon épouse à qui j’ai expliqué à mon corps défendant la situation qui prévalait. Son renvoi de l’établissement suite à deux échec consécutifs au baccalauréat m’avait laissé croire qu’enfin l’heure de la délivrance avait sonnée, oh que non ! Ni le départ du lycée ni le silence assourdissant dans lequel je m’étais enfermé à son égard (la non réception de ses appels et ses messages qui restaient sans suite) n’avaient ramolli sa détermination. Pour preuve, la semaine surpassée, je reçois, un appel du Burkina Faso, croyant avoir affaire à un ami burkinabé avec qui j’avais fait le secondaire et qui y réside désormais, grande fut ma surprise, qu’au bout du fil se trouvait « l’inoxydable » ex – apprenante. Au delà de cette expérience personnelle, il faut se l’avouer certaines jeunes apprenantes aujourd’hui sont prêtes à faire feu de tout bois en usant de moyens peu catholiques et peu académiques, qui pour l’obtention de notes, qui pour l’obtention d’avantages financiers, qui pour se faire valoir auprès de leurs camarades, qui finalement par amour ou peut être par passade.

En tout état de cause, le personnel enseignant et le personnel d’encadrement ont le devoir impérieux de prendre de la hauteur face à  ces sollicitations émanant de jeunes filles en pleine  construction intellectuelle, morale et affective. En quête de repères et de référents, elles ne doivent pas servir de proies sexuelles pour garnir le tableau de chasse de certains collègues qui sont passés maitre aujourd’hui dans l’art du multi partenariat sexuel à l’école.


Formation mondoblog Dakar2015: un « gaou » dans l’avion (acte 1)

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Il est dans l’existence d’un homme, des tranches de vie qui restent à jamais marquées d’une pierre blanche. Immanquablement, cette formation mondoblog saison quatre à Dakar en fait partie. Et c’est peu que de le dire d’ailleurs. Si la formation a été  mémorable du point de vue du contenu, elle ne l’est pas moins, coté coulisse, insolite et découverte. En effet, il faut se l’avouer, la quasi-totalité des blogueurs présents à Dakar étaient des gaous c’est-à-dire dans l’imagerie populaire ivoirienne  des bleus, des novices qui n’avaient jamais pris l’avion. Et comme, il fallait s’y attendre, ce premier voyage dans ce gros oiseau métallique n’a pas manqué de charrier son lot de scènes cocasses, d’appréhensions et d’autodérision. Tenez,  ce samedi 28 Novembre 2015, le départ sur Dakar était  prévu pour 11h35 minutes, bien entendu, il fallait se rendre deux heures au moins à l’aéroport à l’effet de remplir les nombreuses formalités  d’usage. Contrairement à mon habitude de grand retardataire, dès 5heures du matin, c’était la veillée d’arme (ranger les affaires personnelles, s’assurer de la présence des documents de voyage et surtout apporter un soin particulier à ma mise vestimentaire du jour). Après tout, j’allais à Dakar par avion, c’était une première,  il fallait marquer le coup en sortant la grande artillerie c’est-à-dire la tenue d’apparat .A en juger par le concert d’exclamations de mes frères et sœurs à la sortie de ma chambre, visiblement, j’étais tiré à quatre peut-être cinq épingles même. Effectivement comme souhaité, mon médecin de frère (lui aussi retenu pour la formation) et moi arrivons à l’aéroport international Félix Houphouët Boigny aux environs de 9heures non sans être admiratif de ce hub aérien de la sous-région. Je n’y avais jamais mis les pieds et pour tout dire j’en étais conquis. De la vaste salle d’attente en passant par les galeries, les agences, la salle d’enregistrement et d’embarquement  assorti d’un escalier roulant, j’en prenais plein la vue. Mais, en bon ivoirien, il ne fallait pas accuser le coup c’est-à-dire ne pas laisser paraitre outre-mesure mon émoi et mon stress liés à ce nouvel environnement. Sauf que mon inexpérience a failli me faire trébucher à la prise de l’escalier roulant, je m’y suis pris par deux fois avant de parvenir à me stabiliser sur ce drôle d’engin. Fort heureusement, je m’y trouvais pratiquement seule, la honte liée au regard extérieur donc s’en trouvait réduite. Je réalisais que prendre un avion relevait d’un ensemble de démarches et de formalités tatillons. Contrairement à nos voyages en car très informels et anarchiques, tout était procédurier et passé au peigne fin. Surement que le contexte sécuritaire anxiogène lié aux récents attentats en rajoutait une couche. Figurez-vous que hormis le contrôle des bagages au scanner, le contrôle d’identité assorti de prise d’empreintes biométriques et de prise de vue par les services de la sécurité intérieure, nous sommes passés par un portique de sécurité avec à la clé une fouille au corps des plus minutieuses.  Aussi, faut-il préciser que nous avons été obligés de nous déchausser, d’ôter nos ceintures et tout ce qui portait une part de métal pour passer le portique de sécurité. Une véritable obsession du tout sécuritaire qui n’a pas manqué de m’agacer et de nourrir ce commentaire à l’endroit d’un agent de contrôle «  vous ne pensez pas que vous en faites trop ! »

Passés cette étape fastidieuse et laborieuse, nous sommes dirigés vers la salle d’embarquement ou nous pouvons enfin profiter de la quiétude et d’un certain confort douillet. Cependant, je reste partagé entre appréhensions et empressement de prendre place à bord de l’avion. Comment le vol se passerait-il ? Tous les cas de figures me taraudaient l’esprit et surtout les plus noirs, d’un acte terroriste à une avarie du moteur mais aussi une interrogation liée au génie humain « comment ce géant des airs arrivait-il à se maintenir surtout que notre vol devait durer environ trois heures ? » bref, pour le moins, mon intérieur bouillonnait et le haut parleur indiquait dans la foulée aux passagers en partance pour Dakar de se rendre à la porte trois pour l’embarquement. Il fallait que je parte non sans avoir battu le rappel de toutes mes forces et formulé une prière de protection. Nous franchissons ladite porte et nous sommes accueillis chaleureusement par de charmantes hôtesses de l’air qui nous invitent à rejoindre nos sièges respectifs. Avant le décollage, j’ai encore le temps d’appeler mon père et d’envoyer des texto à des collègues pour leur signifier ma présence dans l’avion avec une certaine pointe de fierté car sous nos latitudes ivoiriennes voire africaines prendre l’avion est loin d’être un acte banal. Le commandant de bord au nom du personnel navigant nous souhaite la bienvenue et enclenche le décollage progressif, les vrombissements du moteur sont à peine perceptibles, on sent que l’avion prend de plus en plus de la vitesse sur la piste, dans une poussée ultime et de fortes secousses, il s’arrache à la terre. Nous voilà dans les airs, en partance pour le pays du poète-président Léopold Sedar Senghor