Latitudes ivoiriennes : le règne de l’élève-roi se poursuit !

18 décembre 2016

Latitudes ivoiriennes : le règne de l’élève-roi se poursuit !

Malheureusement, les années passent et se ressemblent  en matière de mœurs scolaires  ivoiriennes. En dépit du changement de régime et de la volonté de renouveau affiché par les tenants du pouvoir, les élèves  semblent faire la pluie et le beau temps. Entre bravades, diktats, insouciance et violence à l’occasion, ils font et défont allègrement  le calendrier des congés scolaires au gré de leurs caprices du moment. Ainsi ces congés de Noël n’ont pas dérogé à la règle, les élèves ont débraillé plus tôt que prévu. Initialement arrêtés pour le 21 décembre, les élèves ivoiriens se sont mis en congés anticipés depuis ce 12 décembre. Soit une rallonge indue d’environ 10 jours que dis-je 14 jours puisqu’ils décident  de reprendre plus tard que prévu les cours, soit le 9 janvier au lieu du 5 conformément au calendrier officiel des congés scolaires. Loin d’être confinés à certaines localités, ces troubles scolaires s’étendent à l’échelle nationale comme si ces élèves d’un nouveau genre s’étaient donnés le mot pour paralyser le système éducatif ivoirien, non sans débordements, violences qui ont conduit à des blessés et à des morts comme à Gagnoa.  Quand on sait la faiblesse du quantum horaire ivoirien, à peine 900 heures de cours sur toute l’année scolaire  (comparativement  à celui de la sous-région qui dépasse les 1000 heures) à laquelle viennent se greffer ces perturbations impromptues  et prolongées, on comprend en partie la médiocrité des résultats scolaires ivoiriens. Simplement surréaliste et hallucinant que de voir ces pratiques d’incivisme scolaire se banaliser et prospérer sous nos latitudes. Cette situation de défiance n’est pas sans rappeler un passé noir récent, celui de la FESCI (fédération estudiantine et scolaire de Cote d’Ivoire) qui avait instauré une véritable culture de l’intimidation et de la violence (viols, rackets, assassinats) aussi bien en milieu scolaire que social en général. Sa dissolution récente par les pouvoirs publics ivoiriens n’a visiblement  pas conjuré ce règne de l’apprenant-roi.

Cependant, pas besoin de regarder bien loin  pour identifier les causes de cette attitude de mépris et de bravade à l’égard des règles établies par les apprenants ivoiriens. C’est bien connu, l’école n’est rien d’autre que l’émanation et le reflet de la société. C’est un euphémisme que de dire que l’incivisme est la chose la plus partagée aujourd’hui à l’échelle de la société ivoirienne. Entre dégradation des biens publics, détournement  des deniers publics, non respect du code de la route, incivisme fiscal, environnemental et que sais-je encore, le constat de l’incivisme s’impose avec la force de l’évidence. Alors, rien de plus étonnant que cela déteigne sur le microcosme social qu’est l’école. Aussi faut-il dénoncer cette relation de fusion-confusion aujourd’hui entre apprenants et nombre d’enseignants (copinage, promiscuité, familiarité indiscrète) qui entachent le respect qui entourait le corps enseignant et par delà l’école.

Vivement que tous les acteurs du système éducatif se penchent sur cette triste réalité pour la conjurer, à commencer par le ministère de tutelle qui pour l’instant s’accommode d’un silence assourdissant.  Il y va de la qualité de la formation de la jeunesse et in fine de l’avenir du pays.

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