L’affaire Serge Atlaoui: l’activisme de la France,un cas d’école pour l’Afrique.

20 mai 2015

L’affaire Serge Atlaoui: l’activisme de la France,un cas d’école pour l’Afrique.

A coté du fossé qui existe entre l’Afrique et l’Occident, ces deux parties du monde semblent être également à des années lumières l’une de l’autre en matière de défense de leurs ressortissants à l’étranger. La France vient d’en administrer la preuve de fort belle manière. L’activisme remarquable qu’elle déploie dans la perspective de la non exécution de son ressortissant Serge Atlaoui en Indonésie a très certainement valeur d’exemple à l’échelle de toute l’Afrique.

manifestation pour la libération de Serge Atlaoui à Paris.
manifestation pour la libération de Serge Atlaoui à Paris.

Une prise d’otage médiatique et politique.

En effet, condamné à mort par la justice indonésienne dans une affaire de trafic de drogue, le sort du français ne laisse pas pour autant indifférent, il mobilise la France officielle (l’Élysée, Matignon, le Quai d’Orsay) mais aussi de la France du citoyen lambda (à travers les marches de soutien).

Une indifférence coupable de tous nos « je suis Charlie ».

Toute chose qui tranche d’avec l’indifférence voire le mépris des États africains concernant leurs ressortissants de la diaspora très souvent victimes d’abus judiciaires ou de mauvais traitements.

Et pourtant…

De la condition déplorable des travailleurs migrants noirs dans les champs de tomates en Italie qui tourne à la pure exploitation en passant par les abus dans certains centres de rétention et les expulsions manu militari par charters des immigrés illégaux dans la plus grande indignité, la matière ne manque pas pour que nos pouvoirs publics lèvent la voix. Oh que non, englués qu’ils sont dans un silence assourdissant qui frise à certains égards la complicité coupable. Si en interne, certains États africains se présentent comme les principaux bourreaux de leurs populations en termes de répression policière, d’abus judiciaires ou de laxisme sécuritaire, que pourrait-on attendre d’eux raisonnablement en matière de réactivité internationale ? Pas grand-chose vraiment. D’ailleurs, les quatre ressortissants nigérians condamnés à mort dans cette même affaire de drogue ont été passés par les armes sans provoquer la moindre indignation de la première puissance économique d’Afrique et pourtant Dieu seul sait si le procès a été émaillé d’irrégularités.

Tout porte à croire que les dirigeants occidentaux et africains ne semblent pas être taillés dans le même bois, ils ne semblent pas avoir la même table de valeurs relativement à la vie de leurs ressortissants respectifs. Ce désintérêt de l’élite dirigeante africaine pourrait bien révéler en réalité l’influence quasi inexistante du continent sur l’échiquier mondial. En effet, la maxime est connue, la main qui donne est celle qui ordonne, quand le budget de financement de la commission de l’union africaine est financé à plus de 60% par l’aide extérieure, quand de nombreux pays africains sont tributaires de l’aide au développement que dis-je de l’aide à l’assistanat, alors, il est plus qu’évident que nos dirigeants s’enferment dans un mutisme déshonorant. Briser le cercle de la dépendance économique africaine, c’est le prix d’une relation décomplexée d’égal à égal avec les autres parties du monde sous peine que sa diaspora soit toujours en butte à de mauvais traitements dans la plus grande indifférence .

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