Côte d’Ivoire : au secours, l’élection présidentielle arrive…

Article : Côte d’Ivoire : au secours, l’élection présidentielle arrive…
Crédit:
22 octobre 2020

Côte d’Ivoire : au secours, l’élection présidentielle arrive…

Crédits photo : Iwaria

C’est bien connu sous les tropiques ivoiriens, depuis la décennie 2000, l’élection présidentielle constitue un moment social fortement anxiogène, abrasif voire mortifère. Une séquence politique particulièrement redoutée des ivoiriens et des institutions internationales au vu de la mission conjointe de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), de l’Union Africaine et de l’ONU récemment dépêchée à l’effet de renouer le fil du dialogue entre toutes les parties prenantes du processus électoral.

Prévue constitutionnellement pour le 31 octobre 2020, l’élection présidentielle se rapproche à grands pas, et avec son lot de hantises et de scénarios apocalyptiques. Elle cristallise toutes les inquiétudes, et cela à bon droit. En effet, les affres de la crise post-électorale de 2010 – plus de 3000 morts, une récession économique, des saccages en tous genres- sont encore présents dans les esprits. Il faut bien le dire, la Côte d’Ivoire a été marquée au fer par cette crise post-électorale de 2010, tant et si bien que dix ans après, les plaies béantes – surtout psychologiques – qu’elle a laissées sont loin d’être cicatrisées.

Tout se passe comme si le temps semble s’être arrêté en terre ivoirienne, et avec, le ralentissement des activités économique. Une psychose sociale entretenue aussi et surtout par le climat politique actuel, qui n’incite guère à l’optimisme.

Un climat politique délétère

C’est un euphémisme que de le dire, le marigot politique ivoirien est en pleine ébullition, soumis qu’il est au tumulte des manœuvres politiques et des fortes tensions liées à l’échéance présidentielle. Polarisé entre la coalition au pouvoir, sourd à tout report des élections et l’opposition, emmurée dans la logique de la non tenue des élections jusqu’à satisfaction de ses revendications, l’échiquier politique ivoirien ne rassure pas.

La météo politique ivoirienne tourne au mauvais présage : un avis de tempête est émis par de nombreux analystes, de fortes perturbations semblent se dessiner dans le ciel ivoirien. Des prédictions, qui se confirment au vu des morts enregistrée suite à l’annonce de la candidature du président sortant Alassane Ouattara à un troisième mandat, ou au premier mandat de la troisième république, selon les camps en présence et l’appel au boycott actif du scrutin présidentiel par l’opposition.

Un appel qui se traduit par des heurts entre forces de l’ordre et opposants dans certaines localités, par des saccages de biens, mais plus grave, par des affrontements interethniques. Une des craintes et l’un des facteurs aggravants des crises politiques en Côte d’Ivoire est l’instrumentalisation ethnique. En effet, chaque leader politique a un électorat captif qui constitue généralement sa communauté ethnique, de sorte que, les différends politiques se muent très rapidement en différents ethniques, qui allument conséquemment la mèche de la désintégration sociale.

Tout porte à croire que la classe politique ivoirienne n’a pas tiré les leçons des crises à répétition qu’a connues notre pays, emmurée dans l’aveuglement et la surdité face à l’attente de l’écrasante majorité des Ivoiriens : la paix.

Une classe politique oublieuse de ses tribulations

La Côte-d’Ivoire a mal à sa classe politique. Les tribulations et les errements de cette dernière ont valu au pays de Félix Houphouët Boigny de sombrer dans les abîmes de la guerre civile en 2010. Malheureusement, cette classe politique, que dis-je, cette coterie politique, semble amnésique de cet état de fait. Pire, elle conditionne les Ivoiriens à une rechute dans les travers d’une énième déflagration sociale.

Les discours politiques haineux et incendiaires, qui avaient constitué un terreau fertile à l’éclatement et à l’emballement de la guerre en Côte d’Ivoire se multiplient. Les acteurs politiques soufflent à nouveau sur les braises de la division, de la surenchère et de la violence. Gérontocratique et oligarchique, le personnel politique ivoirien a pour l’essentiel toujours considéré le pouvoir comme un mangeoire où l’on vient se servir plutôt que de servir l’intérêt général.

En vérité, l’opposition constitue un agrégat de déchus et de déçus de l’actuel coalition au pouvoir, déception nourrie par la frustration de ne pas avoir été choisi pour porter l’étendard du parti présidentielle à la prochaine présidentielle. Elle est aussi intégratrice d’ex-personnalités de l’ex-régime de Laurent Gbagbo, qui vraisemblablement n’ont pas digéré la perte du pouvoir d’Etat, et les privilèges qui vont avec. La plupart des tenants de l’actuel régime n’est pas logée également à une meilleure enseigne.

Obsédés par le maintien au pouvoir et conséquemment par la conservation de leurs privilèges et prébendes, les gouvernants actuels dans leur grosse majorité veulent s’assurer une victoire à la présidentielle à venir vaille que vaille, même au prix d’une élection non inclusive. Vivement le renouvellement de cette vieille garde politique, dont le départ, constitue de toute évidence une condition nécessaire à l’apaisement du climat politique en terre ivoirienne.

Étiquettes
Partagez

Commentaires