AUGMENTATION DES CAS COVID EN TERRE IVOIRIENNE : ENTRE INSOUCIANCE ET DÉNI DES POPULATIONS

21 juin 2020

AUGMENTATION DES CAS COVID EN TERRE IVOIRIENNE : ENTRE INSOUCIANCE ET DÉNI DES POPULATIONS

Le moins que l’on puisse dire, est que la courbe d’évolution des cas covid sous les latitudes ivoiriennes explose. De la survenue du premier cas en mars 2020 jusqu’à en début juin, les chiffres de la contamination étaient faibles voire marginaux, de l’ordre de dix à trente cas maximum de contamination journalière. Cependant, depuis deux semaines, on assiste à un véritable retournement de situation. Le niveau de propagation s’envole pour atteindre la barre record de quatre cent trente contaminations/jour. La Côte-D’ivoire a franchi le seuil de six mille cas aujourd’hui (précisément six mille huit cent soixante quatorze cas de contamination). Comment expliquer cette tendance haussière sans précédent ? Le principal facteur explicatif est sans doute dans le relâchement des mesures barrières, qui se traduit par une insouciance généralisée des populations.

  • UN LAXISME MARQUÉ DES MASSES SOCIALES

A l’instar des autres pays, la Côte-D’ivoire s’est engagé dans un processus de déconfinement.  A cet effet, le chef de l’Etat a assouplit les restrictions initiales qui avaient été arrêtées dès l’éclatement de la crise sanitaire. Entre autres, les écoles, les universités ont été rouvertes, le couvre-feu levé, le regroupement de personnes jusqu’à deux cents autorisé, etc. Cependant, cet allègement sonne pour beaucoup d’ivoiriens comme la fin de la covid. Il fait figure de reprise de la normalité quotidienne au mépris des consignes sanitaires dont notamment le port du masque, la distanciation physique et le lavage régulier des mains. Tout se passe comme si le mur de la peur, de l’appréhension qui était présent lors du déclenchement de la covid était tombé. Les vieilles habitudes renaissent de plus belle, les maquis- les lieux de beuverie- sont pris d’assaut comme pour rattraper le temps ‘’perdu’’ lors du confinement, les attroupements dans les transports sont monnaie courante, les festivités sociales – mariages, baptêmes…- reprennent sur des chapeaux de roue dans le plus grand laxisme et la plus totale indiscipline. En un mot comme en mille, les populations ivoiriennes en général sont en mode insouciance. Pire, une partie est également dans le déni de la maladie.

  • LE DÉNI DU COVID PAR UNE STRATE SOCIALE

Aussi hallucinant que cela puisse paraitre, une frange de la population ivoirienne conteste la réalité du covid-19. Certains reportages de la télévision d’Etat et articles de journaux de la presse ivoirienne sont révélateurs à cet effet. Les réseaux sociaux de par leurs publications en donnent aussi toute la mesure. Entre théorie du complot – une invention du gouvernement- et absence d’images relatives aux dépouilles ivoiriennes du covid, certains se sont faits une religion : la  covid relève de la fiction, c’est un tissu de mensonges. On serait tenté de le dire, la faible létalité liée à la covid sous nos tropiques ivoiriens – quarante neuf morts jusqu’à ce jour- nourrit en partie ce sentiment d’irréalité concernant la pire crise sanitaire que le monde ait connu depuis la peste espagnole de 1917. Les images dramatiques d’hôpitaux saturés de patients covid en Chine, en Europe, aux Etats-Unis au plus fort de la crise sanitaire, les images insoutenables de cimetières débordés par le rythme effréné d’inhumations dans nombre de capitales occidentales lors de la vague épidémique, n’auront pas servies à changer la perception des négateurs de la covid-19. Hélas, emmurés dans leur conviction suicidaire, ces ivoiriens négateurs de la covid constituent un véritable obstacle au plan de riposte sanitaire élaboré par les pouvoirs publics. Ce déni de la covid n’est pas sans rappeler un autre, celui du sida dans les années quatre vingt en Côte-D’ivoire, qui a valu à notre pays une explosion des cas VIH au point d’en faire un des pays les plus touchés dans la sous-région. Conscient de cette réalité, l’Etat s’attèle à intensifier la sensibilisation et la mobilisation autour de la lutte contre la pandémie. Une lutte qui ne sera gagnée qu’avec l’implication et le civisme des populations.

  • DE LA NÉCESSITÉ DU CIVISME  DE LA POPULATION

C’est un secret de polichinelle, au nombre des clés qui permettent de contenir ou de maîtriser la pandémie de la covid, se trouve aux premières loges le civisme des populations, leur adhésion à la stricte application des consignes sanitaires. Les pays d’Asie comme la Chine- même si on y note aujourd’hui un certain rebond de l’épidémie-, la Corée du Sud et Hong-Kong en sont les parfaites illustrations. La guerre contre la covid-19 exige la mutualisation de tous les moyens -sanitaires, économiques, sécuritaires- mais aussi et surtout un engagement entier des populations. Parlant d’adhésion des populations, l’Afrique est sur la mauvaise pente et c’est un euphémisme que de le dire. Le taux de positivité à la covid ne cesse de croître à une allure vertigineuse.  L’OMS (l’organisation mondiale de la santé) nourrit bien d’inquiétudes quant à l’Afrique, elle tire la sonnette d’alarme et révèle que ce continent a mis deux mois pour franchir la barre des deux cents milles contaminés, mais en deux semaines, a passé le cap de quatre cent mille contaminés. C’est dire le niveau de propagation très élevé du virus. Quand on sait la faiblesse de nos systèmes de santé en termes infrastructurels, d’équipements et de personnel de santé, il est avéré que l’Afrique ne supportera pas une vague épidémique de l’ordre de celle constatée en Europe, en Chine ou aux Etats-Unis. Alors sous nos tropiques africains, on gagnerait à être dans l’anticipation, dans la prévention. Mieux vaut prévenir que guérir dit-on ! Il serait peut-être plus judicieux de dire pour le cas d’espèce de l’Afrique : mieux vaut prévenir que périr.

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