La foire ivoirienne aux charlatans politiques!

21 octobre 2015

La foire ivoirienne aux charlatans politiques!

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C’est bien connu sous les latitudes ivoiriennes, la campagne liée à la grand-messe électorale que constitue la présidentielle charrie dans son flot d’agitation inhabituelle une bonne part de surenchère et de populisme. Véritable bazar politique à l’ivoirienne, l’élection attire des candidats de tous crins ou de tous acabits. Des politiciens du dimanche (intermittents politiques) à la vieille garde politique en passant par les frondeurs, les sirènes du pouvoir alimentent les promesses électoralistes quitte à tomber dans la démagogie. « Moi président », je promets cinq millions d’emplois, « moi président » j’installerai le métro et le tramway à Abidjan, «  moi président » toutes les populations défavorisées auront droit à des logements sociaux, « moi président », la couverture sociale sera une réalité… Un air de déjà vu, un air de déjà entendu, un flux et un reflux permanent, un catalogue de belles promesses qui à l’épreuve du pouvoir se révèlent chimériques. Tout se passe comme si les différents régimes qui se succèdent depuis deux décennies en terre d’Eburnie sont frappés d’amnésie collective quant à la tenue de leurs engagements de campagne, un véritable hiatus entre les promesses et les actes qui irritent plus que jamais l’électorat ivoirien.

Une population désabusée

Hormis l’exception Felix Houphouët-Boigny (premier président ivoirien) qui a fait de la Côte d’Ivoire un Etat moderne et modèle à certains égards, les pouvoirs successifs se sont révélés décevants les uns après autres. Pire, ils ont réussi le tour de force de défigurer ce pays autrefois réputé pour être la « petite Suisse » en le plongeant dans les affres de la guerre civile. Du projet de société d’Henri Konan Bédié dénommé «  l’éléphant d’Afrique » (qui a tourné à l’enfumage) en passant par le tour de passe-passe de la « refondation » initié par Laurent Gbagbo et aujourd’hui le concept de « l’émergence » porté par Alassane Ouattara dont les rails se mettent difficilement en place, le mensonge politique semble être la chose la mieux partagée au sein du personnel politique ivoirien. Lassées par les promesses politiques recyclées ou remises chaque fois au goût du jour, certaines voix, de plus en plus, réclament le renouvellement de la classe politique. Selon toute vraisemblance, cette élection présidentielle ne devrait pas drainer les foules tant il est vrai que les promesses politiciennes ne font plus recette au sein des masses sociales aux prises avec les griffes de la précarité ambiante. L’immense espoir social suscité par l’arrivée au pouvoir en 2011 du président Ouattarra cède la place à un certain désenchantement des masses laborieuses. Les fruits n’ont pas tenu totalement la promesse des fleurs sauf que sous les latitudes ivoiriennes, en général, l’obligation de résultat ne pèse pas véritablement dans la balance de la réélection du président. Tant qu’on s’assure le soutien de l’armée, qu’on tient les cordons de la bourse et qu’on active le jeu des alliances politiques comme c’est le cas actuellement à travers le rassemblement des houphouétistes, le tour est joué.

Le président Hollande, un cas d’école pour l’élite africaine

Abstraction faite du record d’impopularité du chef de l’Etat français dans l’opinion publique française, vu d’Afrique, il personnifie une certaine décence politique. En effet, contrairement à l’élite dirigeante africaine prompte à rempiler indéfiniment au pouvoir, au mépris de leurs promesses sociales, le président Hollande lie son éventuelle candidature à la  présidentielle de 2017 à l’inversion de la courbe du chômage. Hélas, le paradoxe est bien africain, ils sont nombreux ces chefs d’Etat sous nos tropiques à avoir administré la preuve de leur incapacité notoire à améliorer les conditions existentielles de leurs peuples tout en s’accrochant contre vents et marées aux fastes du pouvoir. On ne le dira jamais assez, il faut déconstruire la vision actuelle du pouvoir d’Etat en Afrique, un pouvoir perçu généralement sous le prisme déformant de la captation des richesses ou de l’enrichissement illicite. A la veille des joutes électorales qui se tiendront dans plus d’une dizaine de pays africains cette année, on pourrait le dire sans risque de se tromper « démagogues de tous bords, prêts, à vos marques, partez ».

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