Ces frondeurs à la sauce ivoirienne !

6 août 2015

Ces frondeurs à la sauce ivoirienne !

frondeur_ivoirienA l’instar du pouvoir socialiste français, le paysage politique ivoirien enregistre la présence de frondeurs dans les rangs de la majorité présidentielle. Un aréopage de personnalités déchues et déçues qui portent la contradiction et mènent la rébellion tous azimuts face à ceux qu’ils considèrent comme les dérives de l’actuel régime ivoirien. Anticonformistes, empêcheurs de tourner en rond, adeptes de la provocation et de la liberté de ton, ils ne manquent aucune occasion pour flageller les tenants du pouvoir ivoirien non sans faire le jeu de l’opposition classique qui en sort renforcée. Un fossé d’incompréhensions qui ne cessent de se creuser entre les frondeurs et l’élite dirigeante actuelle tant et si bien que la rupture semble être consommée.

Un divorce consommé

Loin de vouloir constituer un courant réformiste ou une force de propositions au sein de la mouvance présidentielle à l’instar des frondeurs du PS français, les frondeurs ivoiriens semblent avoir franchir le Rubicon en intégrant récemment l’opposition à travers un vaste rassemblement dénommé Coalition nationale pour le changement. Une coalition aussi hétéroclite que déterminée dont le maître mot est l’alternance du pouvoir. Drapés désormais dans leur habit d’opposant, ils passent à l’offensive supérieure en faisant feu de tout bois, un feu roulant de critiques acerbes dont le régime se serait bien passé par ces temps de pré-campagne électorale et de contestation sociale croissante. En effet, les ex-frondeurs aujourd’hui reconvertis en opposants encartés surfent sur un certain malaise social. Au-delà de la bonne santé macro-économique du pays (un taux de croissance avoisinant les deux chiffres), la réalité sociale ivoirienne est tout autre. La cherté de la vie, la précarité et la paupérisation croissantes alimentent à bon droit une certaine stigmatisation des pouvoirs publics ivoiriens sous la boutade populaire suivante « on ne mange pas la croissance ». S’il est vrai que les critiques formulées par les ex-frondeurs ne sont pas dénuées de fondements, il n’en reste pas moins qu’elles ont été nourries essentiellement par un désaccord lié à la répartition des avantages du pouvoir.

Une rupture sur fond de mésentente dans le partage des délices du pouvoir

Contrairement aux députés frondeurs du PS (portés plus par des divergences idéologiques en termes de ligne gouvernementale qu’ils jugent libérale et non socialiste, la rupture des frondeurs ivoiriens d’avec l’actuel régime tient plus a des ressentiments liés a la clé de répartition du pouvoir. Il est bien connu qu’en Afrique, le pouvoir est assimilé à tort à une immense mangeoire ou l’on se sert au lieu de servir le peuple et la fronde dans les rangs de l’actuelle mouvance présidentielle en est la preuve vivante. En effet, certains cadres du parti du PDCI associés a la conquête du pouvoir d’Etat en 2012 sous la forme du rassemblement des houphouétistes (RHDP) estiment avoir été oubliés dans le cadre de la nomination aux postes a responsabilité. Se considérant comme des faiseurs de roi injustement rétribués, ce en dépit du poste de premier ministre et de certains ministères régaliens tombés dans la besace de leur chapelle politique, ils dénoncent vent debout le soutien de leur parti au président Ouattara lors des prochaines élections. Les cadors comme l’ex-premier ministre Konan Banny, l’impétueux ex-président des jeunes Konan Bertin ou encore l’ex-ministre des Affaires étrangères Amara Essy constituent le visage de cette nouvelle vague de frondeurs à l’ivoirienne passés désormais à l’opposition.

SI l’avènement des courants réformistes voire « sécessionnistes » est à saluer dans nos majorités présidentielles très souvent marquées par le règne de la pensée unique ; ce qui l’est moins par contre, c’est les motivations carriéristes ou matérialistes qui les nourrissent. Comme quoi en Afrique, généralement, l’engagement politique relève plus de la politique du ventre que de la politique au service de la polis (la cité).

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Commentaires

Boubacar Sangaré
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billet intéressant, bien écrit aussi!
Bon courage

Seydou KONE
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Merci pour le passage.

Seydou KONE
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merci boubacar d’être passé !