Du patriotisme économique en France au bradage économique en Afrique

2 juin 2015

Du patriotisme économique en France au bradage économique en Afrique

Arnaud Montebourg à Emmanuel Macron le patriotisme économique reste de vigueur en France.
Arnaud Montebourg à Emmanuel Macron le patriotisme économique reste de vigueur en France.

Nul besoin de faire de l’intelligence économique ou de sortir de l’école de guerre économique de Paris pour réaliser que les entreprises nationales opérant dans des secteurs dits névralgiques ou les entreprises à forte valeur ajoutée constituent des leviers de la souveraineté d’un État. C’est une question de bon sens et une exigence dans l’air du temps. Comment peut-il en être autrement dans cette mondialisation hautement concurrentielle que le politologue camerounais Jean de Dieu Ayissie qualifie avec raison de « mondialisation des prédations » ; sauf qu’en Afrique, on voit les choses sous le prisme déformant de la privatisation à tout va que dis-je du bradage ou du pillage de nos sociétés nationales et partant de nos intérêts économiques.
-Une véritable OPA sur les ressources économiques africaines !

bolloré: l’orgueil de la France.
Bolloré: l’orgueil de la France.

Là ou la France et au-delà l’Occident mettent un point d’honneur à préserver leurs fleurons économiques pour éviter qu’ils ne tombent sous pavillon étranger ; l’Afrique a contrario constitue le terrain de chasse favori des transnationales ou des multinationales. Une privatisation à marche forcée portée par les institutions de Brettons Wood qui a vu des pans entiers de nos économies englouties par des firmes étrangères. A L’évidence, ce libéralisme débridé fait le jeu des puissances étrangères comme la Chine dont rien n’échappe à l’appétit carnassier. Terres arables, ressources du sous-sol, secteurs névralgiques comme l’eau, l’électricité, les télécommunications, les ports, aéroports… En somme, tout y passe. On ne saurait passer également sous silence la position économique dominante des ex-puissances coloniales européennes en Afrique. Elles considèrent à tort ce continent comme leur pré carré ou leur arrière-cour. A ce titre, le cas de la Côte d’Ivoire est assez édifiant et largement représentatif des pratiques économiques des anciennes métropoles. En effet, de Bouygues à France télécoms en passant par Bolloré, BNP-PARIBAS, la Société générale et autres myriades entreprises, les sociétés françaises semblent faire la pluie et le beau temps en terre d’Eburnie. Elles sont en situation de quasi-monopole et c’est peu que de le dire. Ce monopole de fait agace plus d’un, notamment l’actuel ministre du Commerce Jean-Louis Billon qui a publiquement critiqué la seconde concession du terminal à conteneurs du port autonome d’Abidjan au groupe français Bolloré (déjà détenteur de la première concession). S’il est clair que les multinationales se frottent les mains financièrement parlant en concluant des contrats de dupes et empochant au passage des superprofits ; il est tout aussi clair que les pouvoirs publics africains sont complices de ce bradage économique.
-La complicité de nos pouvoirs publics
Il est sans conteste que les chefs d’État africains et par extension les hauts dignitaires des États africains font le lit de cette politique de captation ou de pillage systématique de nos ressources économiques. Dans cet ordre d’idée, on a en vue la relation incestueuse entre la France et certains chefs d’Etat africains connue sous le vocable pudique de Françafrique, un véritable réseau de collusions financière, économique et politique au service principalement des intérêts français.
Les accords de partenariat économique (APE) en passe d’être signés entre l’Europe et les chefs d’État  africains pourraient en outre aggraver cet état de prédation économique. En fait, un accord de libre- échange, une déréglementation douanière exposerait le continent à une invasion de son marché, elle signifierait l’effondrement de son tissu industriel embryonnaire. Quand on sait le poids financier et la force industrielle des mastodontes ou transnationales européennes et le manque de compétitivité de nos produits à l’international, on n’est pas loin de penser que les APE sont en défaveur du continent africain.
En définitive, à défaut d’une renationalisation de nos entreprises stratégiques, il faut que nos Etats en deviennent des actionnaires majoritaires sans complexe aucun. Si le patriotisme économique est de rigueur en France et sous d’autres latitudes, pourquoi l’Afrique se fera-t-elle hara-kiri en vendangeant ses ressources économiques ? Il y va de notre survie et de notre souveraineté.

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