En Côte d’Ivoire, la grève devient un sport national !
Le front social connaît une ébullition sans précédent en terre d’Eburnie. Les grèves se succèdent à un rythme effréné au point où il ne se passe plus de jour ou une corporation ne batte le pavé dans les rues abidjanaises ou ne débraye.
Après le retentissant mouvement d’humeur d’une partie des hommes de troupe de la grande muette ivoirienne (pas si muette que ça, à l’évidence), on a assisté au mouvement de protestation du personnel de santé, à la grève des greffiers, la paralysie des universités et l’arrêt de travail des agents des eaux et forêts. L’heure est à la quasi-fermeture des lycées et collèges orchestrée par l’ensemble des syndicats du secteur éducation /formation.
Abstraction faite des nombreux préavis de grèves qui s’entassent dans les cabinets des différents ministères, en un mot comme en mille, le président Ouattara est à l’épreuve du vent de la contestation sociale. Comment expliquer cette agitation sociale inhabituelle ? Elle pourrait se nourrir à deux sources. La première serait d’ordre électoral, il est bien connu qu’en Côte d’Ivoire, la période électorale, comme c’est le cas actuellement, rime avec une accentuation des revendications corporatistes pour la bonne raison que le pouvoir sortant dans une perspective de réélection accède plus facilement aux attentes des travailleurs. La seconde raison serait liée à la bonne santé macro-économique du pays avoisinant une croissance à deux chiffres (plus de 9 %). Cette embellie économique aiguise les appétits du monde du travail et légitime la contestation sociale d’autant plus que le budget ivoirien dépasse aujourd’hui plus de quatre mille milliards (un budget record dans une sous-région aux ressources financières limitées).
Au-delà de cette fronde sociale généralisée, c’est l’expression d’un malaise social profond, une détérioration des conditions de vis des masses sociales qui se dessinent en creux. La croissance économique que connaît le pays loin d’être inclusive ou partagée est peut-être l’arbre qui cache la forêt de la précarité ambiante de la majorité des Ivoiriens. En tout état de cause, le pouvoir devra acheter la paix sociale à coup de mesures sociales fortes pour espérer désamorcer la contestation sociale et mettre fin aux récriminations incessantes des masses laborieuses qui se traduisent par cette formule populaire « on ne mange pas la croissance ! »
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