En Côte d’Ivoire, la grève devient un sport national !

26 mars 2015

En Côte d’Ivoire, la grève devient un sport national !

frontsocialLe front social connaît une ébullition sans précédent en terre d’Eburnie. Les grèves se succèdent à un rythme effréné au point où il ne se passe plus de jour ou une corporation ne batte le pavé dans les rues abidjanaises ou ne débraye.

Après le retentissant mouvement d’humeur d’une partie des hommes de troupe de la grande muette ivoirienne (pas si muette que ça, à l’évidence), on a assisté au mouvement de protestation du personnel de santé, à la grève des greffiers, la paralysie des universités et l’arrêt de travail des agents des eaux et forêts. L’heure est à la quasi-fermeture des lycées et collèges orchestrée par l’ensemble des syndicats du secteur éducation /formation.

Abstraction faite des nombreux préavis de grèves qui s’entassent dans les cabinets des différents ministères, en un mot comme en mille, le président Ouattara est à l’épreuve du vent de la contestation sociale. Comment expliquer cette agitation sociale inhabituelle ? Elle pourrait se nourrir à deux sources. La première serait d’ordre électoral, il est bien connu qu’en Côte d’Ivoire, la période électorale, comme c’est le cas actuellement, rime avec une accentuation des revendications corporatistes pour la bonne raison que le pouvoir sortant dans une perspective de réélection accède plus facilement aux attentes des travailleurs. La seconde raison serait liée à la bonne santé macro-économique du pays avoisinant une croissance à deux chiffres (plus de 9 %). Cette embellie économique aiguise les appétits du monde du travail et légitime la contestation sociale d’autant plus que le budget ivoirien dépasse aujourd’hui plus de quatre mille milliards (un budget record dans une sous-région aux ressources financières limitées).

Au-delà de cette fronde sociale généralisée, c’est l’expression d’un malaise social profond, une détérioration des conditions de vis des masses sociales qui se dessinent en creux. La croissance économique que connaît le pays loin d’être inclusive ou partagée est peut-être l’arbre qui cache la forêt de la précarité ambiante de la majorité des Ivoiriens. En tout état de cause, le pouvoir devra acheter la paix sociale à coup de mesures sociales fortes pour espérer désamorcer la contestation sociale et mettre fin aux récriminations incessantes des masses laborieuses qui se traduisent par cette formule populaire « on ne mange pas la croissance ! »

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Commentaires

abukm
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Merci frère j'aurai pus écrire ce billet

"c'est ça qui est la vérité" comme on le dit ici au bord de la lagune Ebrié

Dans notre pays #civ les réalités sont loin des discours optimistes de la Présidence et autres bureaux luxueux des gratte-ciels d’Abidjan.

Quand je pense que dans certaines quartiers ou commune de la capitale #Abidjan l'accès à l'eau potable est encore une priorité. et on parle d'émergence.

Seydou KONE
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merci frangin

Benjamin
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Belle réflexion très cher...! La Côte d'Ivoire est ses fameux grèves: une longue histoire.

Seydou KONE
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en tout cas

Guillaume
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On dirait bien que nos pays ont ce malaise en commun. Que c'est devenu un droit commun pour nos sociétés de subir quelques peu les frais d'une grogne populaire.

En ce moment au Togo, c'est une grève musclée des fonctionnaires et des enseignants qui provoque la frénésie des élèves qui prennent d'assaut les rues et les routes partout dans le pays. J'en ai parlé dans mon blog au cas où tu voudrais en savoir plus.

Amitiés !

renaudoss
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Hmm! Le plus drôle c'est que c'est exactement ce qui se passe au Togo. Car quoi qu'on en dise, les élections ne sont que la cerise le gâteau, le terreau fertile sur lequel peuvent émerger ces prurits de malaise sociaux profonds et grandissant sur fond d'aggravations progressive des conditions de vie.